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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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2 avril 2024

Une femme à Berlin, journal 20 avril - 22 juin 1945

Chaque fois que je suis tentée de me plaindre de mes actuelles douleurs, je repense aux ukrainiens et aux palestiniens terrés sous les décombres, et je culpabilise …

Voici un récit terriblement réaliste de ce que fut la situation des survivants de Berlin dans les derniers jours de la guerre, juste avant et après la capitulation.

Le journal d’une jeune femme cultivée, prise au piège des pilonnages russes incessants, écrivant au jour le jour et comme elle peut sur divers supports ce qui lui arrive, à elle comme à la petite communauté qui tente de s’accrocher à la vie entre le 20 avril et le 22 juin 1945.

Bien entendu, j’ai déjà lu bien des ouvrages de fiction (les romans d’Harald Gilbers et Cay Rademacher entre autres) qui ont pour cadre les grandes villes allemandes sous l’apocalypse. Mais pas dans le détail ce qui arrivait aux femmes sous la férule de l‘Armée Rouge. C’est glaçant, objectif, presque détaché. On finit par comprendre que l’écriture de ces exactions constitue pour la narratrice une sorte de catharsis, une auto-psychothérapie. Un moyen de ne pas sombrer dans la folie, ou de se suicider, comme nombre de familles en ce temps d’écroulement de toutes les certitudes.

Publié pour la première fois en 1954 en anglais et sous forme anonyme, l’héroïne n’accepta que son témoignage ne fut réédité sous son nom qu’après sa mort. Ce livre fut un bestseller en 2003. Nous connaissons depuis son identité : Martha Hiller (1911 – 2001), journaliste polyglotte qui a étudié à la Sorbonne et parle russe, a voyagé dans le monde entier … mais nous ne savons rien de ses engagements politiques avant la défaite allemande et elle ne fait aucune allusion à la Shoah …

C’est une chronique de la survie quotidienne, dans le dénuement le plus total, avec la faim omniprésente, la terreur des bombardements soviétiques permanents, le travail de déblaiement à mains nues des décombres, la ville dénuée de tout : eau, énergie, immeubles éventrés, l’absence de toute information.

Mais le pire est à venir avec l’invasion des « Ivan », la soldatesque soviétique qui s’enivre, pille, fracasse, se venge de l'invasion allemande et surtout viole les femmes.

Jeunes ou vieilles, belles ou moches, toutes ou presque y passent, plusieurs fois. La description de ces assauts est affreuse. Et cependant, l'héroïne y survit et même se débrouille pour se trouver un officier russe qui la protège et apporte de quoi manger. On comprend que ces viols répétés constituent pour les milliers de victimes une expérience collective, tellement redoutée d’avance et qui, d’une certaine façon, finit par faire partie d’un contexte.

Ce qui n’empêche pas certaines femmes – apparemment pas la narratrice – d’en demeurer brisées à jamais et d’en garder des séquelles à vie.

On estime à deux millions les femmes violées par l’Armée Rouge en Allemagne dans les derniers jours de la guerre. Et nous savons que ce fléau constitue toujours une arme de terreur massive des armées dans les conflits actuels.

Cette jeune femme était de la génération de mes parents. Son récit fit scandale lors de sa première parution : il fut accusé de porter atteinte à la dignité des femmes allemandes.

Retravaillé ou pas, excellemment traduit, le texte se lit comme un thriller … Les horreurs de la guerre font toujours partie de la panoplie des belligérants. L’humanité n’a pas de quoi s’en vanter.

 

Une femme à Berlin – Eine Frau in Berlin – journal de Martha Hiller traduit de l’Allemand par François Wuilmart, édité chez Gallimard et en collection Folio, 260 p., 9,90€

Commentaires
B
Terrible ! Merci de nous en parler Marie-Pierre !<br /> Douce fin de journée à toi.<br /> Amitiés.<br /> Bernadette.
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N
Merci pour la référence de ce livre à lire effectivement ...
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J
Merci pour cette référence bibliographique. Agréable journée
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H
Je l'ai lu il y a une dizaine d'années, en pensant à ma lecture, bien plus ancienne, de Christine Arnothy, dans la même situation à Budapest -J'ai quinze ans et je ne veux pas mourir.
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