Chana Orloff, sculpter l'époque : exposition au musée Zadkine
Avec son entrée-couloir coincée entre deux immeubles, le havre de paix du musée Zadkine est un écrin parfaitement adapté à l’œuvre de cette artiste qui fut l'une de ses amies : Chana Orloff.
Malgré ma passion pour l’Art Déco et les peintres de l'Ecole de Paris, j’avoue ma totale ignorance de cette sculptrice pourtant célèbre.
Chana Orloff est né en Ukraine en 1888. Elle arrive à Paris en 1910 pour y perfectionner ses talents dans la haute couture mais fait ses premières armes à l’Ecole des Beaux-Arts où elle apprend le dessin, le modelage et la sculpture.
Dans le creuset artistique de Montparnasse, elle se lie d’amitié avec Chaïm Soutine, Ossip Zadkine, Moïse Kisling et Amedeo Modigliani.
Chana expose au Salon d’automne dès 1914, rencontre son mari le poète Ary Justman, puis expose à la galerie Bernheim Jeune en 1916. Le couple s’installe rue d’Assas …
Ils ont un fils en 1918 mais Ary, après avoir traversé la Grande guerre comme brancardier de la Croix-Rouge, meurt de la grippe espagnole en 1919, quelques semaines après l'armistice.
Chana est décorée de la Légion d’honneur en 1925, obtient la nationalité française en 1926. Auguste Perret lui construit une maison-atelier au 7 Villa Seurat dans le 14ème.
En juillet 1942, Chana et son fils échappent de peu à la rafle du Vel d’Hiv.
Ils se réfugient en zone libre puis en Suisse où elle rencontre Giacometti, mais rentrée à Paris en mai 1945, elle retrouve son atelier pillé et saccagé.
A partir de 1949, elle fait de longs séjours en Israël où elle est considérée comme une artiste majeure. Elle y meurt en 1968.
Ce qui étonne le visiteur, c’est à la fois la constance du style, la justesse des expressions et la diversité des matériaux : plâtre peint, ciment, marbre, bronze, bois. Une portraitiste indulgente, pleine d’humour et de tendresse – surtout ses figures de la maternité - , des œuvres toujours actuelles, même si elles demeurent marquées du style de leur temps.
Commissaires de l’exposition : Cécilie Champy-Vinas et Pauline Créteur et les petits-enfants de Chana, Eric Justman et Ariane Tamir.
Chana Orloff, Sculpter l’époque, exposition au musée Zadkine, 100bis rue d’Assas – Paris 6ème – jusqu’au 31 mars, ouvert à partir de 10h, sauf le lundi. 9€