Mortel bouquet, roman de Nicolas Chaudun
J’essaie de ne pas rater l’émission « Historiquement show » de Jean-Christophe Buisson le dimanche matin.
Parmi les chroniqueurs habituels figure Nicolas Chaudun, éditeur d’art, réalisateur et documentariste et auteur de nombreux récits historiques tel ce récent roman policier dont l’intrigue se noue en ce mars pluvieux de 1945.
La guerre n’est pas encore finie à l’est. Mais dans la campagne du Maine, si calme, si éloignée des ports et des nœuds ferroviaires qui aurait pu être bombardés pendant le conflit, des trésors d’œuvres d’art ont été mis à l’abri dès 1940 dans les immenses caves du château de Chaource (en réalité Sourches).
C’est Jacques Jaujard (le Monument Man français), assisté de Rose Valland, qui a organisé les transports et la répartition des trésors du Louvre dans plusieurs châteaux du sud de la France.
A Chaource, ce sont les grands formats (les Noces de Cana, le sacre de Napoléon, le Radeau de la Méduse …) qu’il convient désormais de rapatrier. Une réception rassemble à cette occasion la fine fleur des conservateurs du patrimoine national, le marquis seigneur du lieu régale.
Le narrateur est un jeune auxiliaire supplétif des musées de France, Pierre Favellière, élevé tout près du château mais que ses origines paysannes ont empêché de rejoindre la caste des conservateurs … du moins pas encore.
Deux événements vont perturber ce raout : un expert en peinture flamande est retrouvé mort dans sa voiture, mais vraisemblablement assassiné, et un tableau flamand de petit format est retrouvé dans les stocks du château, mais qui ne figure pas dans la livraison de 1940.
Il s’agit d’un bouquet de fleurs niché dans une arcature, peint vers 1618 par Ambrosius Bosschaert, et qui faisait partie d’une donation antérieure au musée mais dont on avait perdu la trace après la guerre de 1870. Les deux faits sont sans doute liés. « Petit-Pierre » va mener sa propre enquête.
Dans l’ambiance délétère de cette période de flottement politique où la Résistance – ou ceux qui se déclarent comme y ayant appartenu – s’empare des rênes du pouvoir et fait la chasse aux collabos (voir les romans de Romain Slocombe), réapparaissent de vieilles affaires comme celles d’un lot de toiles perdues dans la débâcle de 1871 (mais pas pour tout le monde !).
L’histoire est assez confuse, le style très travaillé, l’affaire bien documentée … mais je dirais volontiers, comme Edmond Rostand, « C’est un peu court, jeune homme… »
Un point positif : l’envie d’étudier davantage les circonstances de la première mise à l’abri des trésors d’art du Louvre à la veille de la Semaine sanglante de mai 1871.
Mais c’est le thème d’un autre ouvrage de l’auteur intitulé « Le Brasier ».
Mortel bouquet, roman de Nicolas Chaudun édité aux Presses de la Cité, collection TerresSombres, 187p., 20€.