Le naufrage de la Sémillante (1855)
J’ai été particulièrement impressionnée par les images de la violente tempête qui sévit en ce moment en Europe de l’Est et plus particulièrement en Crimée et en Ukraine …
Comme si les habitants de ces régions en guerre avaient besoin de ce nouveau fléau …
Il m’est revenu en mémoire ce morceau d’épave vu au musée de la Marine … un épar provenant de la frégate La Sémillante, disparue en mer lors d’une de ces tempêtes survenue en Méditerranée le 1er février 1855.
La France, alliée à l’Angleterre et à la Turquie était alors en guerre contre la Russie, en Crimée (déjà !). Il fallait approvisionner nos troupes. Le bâtiment, long de 54m, transportait donc, outre 308 hommes d’équipage, 394 militaires et 400 tonnes de matériel de guerre.
Confronté à une terrible tempête après son départ de Toulon, le capitaine Jugand, commandant du navire, décide de se glisser entre Corse et Sardaigne. Mais il vient se fracasser sur un des écueils de l’île Lavezzi, au sud de Bonifacio.
La Sémillante est perdue corps et biens dans la nuit du 15 au 16 février.
Aucun survivant parmi les 773 hommes. On en retrouva cependant 560 qui furent inhumés sur l’île où fut construit un monument commémoratif.
Cette catastrophe navale comme d’autres naufrages français et britanniques en mer Noire durant ce conflit bien oublié aujourd'hui mais qui fut très meurtrier souleva des mouvements d’opinion.
On interrogea les scientifiques pour savoir si on n’aurait pas pu mieux prévoir la survenance et la force de la tempête.
L’astronome Le Verrier – une rue porte son nom à une encâblure de chez moi – fut chargé d’étudier la trajectoire de la tempête. Selon lui, on aurait pu, grâce aux moyens de transmission de l’époque, retenir le départ de la Sémillante à Toulon …
C’est ainsi que débuta la science météorologique.
La Crimée, la lutte pour contenir l’empire russe toujours tenté de se ménager un débouché vers la Méditerranée, les aléas climatiques … L’histoire a des ces constantes …