Innovations langagières
J’ai beau avoir jadis terminé de passionnantes études classiques – français, latin-grec et trois années d’études économiques et politiques – et lire plus de 10000 pages par an, je m’émerveille toujours en trouvant au fil de mes lectures un mot dont j’ignore la signification.
Je ne parle pas des mots techniques et de la novlangue des jeunes générations (Lol !), que je rencontre rarement dans les ouvrages que je lis.
Je sais que chaque année, environ 150 nouveaux mots sont admis dans nos dictionnaires, j’apprécie les anglicismes (lorsqu’on ne trouve pas d’équivalent correct) qui ont succédé aux latinismes, hellenismes, arabismes (almanach, alhambra, nénuphar, mousson, chiffre, zéro, matelas, hasard, zénith, café entre autres …). Les Allemands nous ont bien emprunté certains mots (Porte-monnaie, Rendez-vous …). Il m'arrive aussi de regretter l'usage de l'argot d'Alphonse Boudard et son hostobiographie.
Je m’insurge devant des mots savants qui rendent ainsi parfois la lecture « exclusive ».
Des expressions dont bien peu de lecteurs connaissent le sens ou sont en mesure de décrypter l’étymologie. Des expressions à la mode, qui déroutent. Bien entendu cependant, nous disposons d’un outil à portée de main avec notre téléphone et un moteur de recherche, pour découvrir le sens de ces vocables rares.
En première année (1965) du cours d'économie du regretté Raymond Barre, j'avais découvert le concept d'obsolescence. Un mot passé depuis dans le langage courant ...
Quelques exemples plus récents : que signifie une approche holistique ? (qui s’intéresse à son objet dans sa totalité, du grec holos, qui signifie entier) - avant, on disait systémique, mais ce n'est pas tout à fait équivalent - irénisme (attitude impliquant la compréhension mutuelle, légèrement dépréciatif), adhocratie (de la locution latine ad hoc, organisation gérant des compétences pluridisciplinaires et transversales), économie de prédation, complosphère, téléologie (explication des phénomènes par l’intervention d’une cause finale), genrer, mégenrer, raciser (c'est du wokisme).
Autant de termes qui font buter le lecteur et qui m’agacent profondément. De la même façon, on utilise désormais des périphrases comme « untel sort avec une (ou un) tel(le)" pour indiquer que ces deux personnes couchent ensemble. Quelle pudeur soudaine !
Une de mes meilleures trouvailles, la poliorcétique ou l’art d’assiéger les villes, tout à fait d’actualité.
Et une toute dernière pépite : la définition d’un NFT. Un morceau de bravoure ! NFT, traduit en bon français « Jeton non fongible » : certificat cryptographique associé à une image ou un objet numérique dont l’authenticité et la traçabilité sont garanties par la blockchain.
Vive le progrès de la linguistique …
N.B. : pour peu que la linguistique intéresse, je recommande les ouvrages de Michèle Perret et Henriette Walter.