Faire et défaire ...
… c’est toujours du travail, disait ma grand-mère.
En matière de tricot, il ne faut jamais renoncer à défaire quelques rangs, voire tout une pièce lorsqu’on a décelé un défaut. Bien entendu, on peut récupérer une maille filée avec un crochet … à condition qu’elle n’ait pas filé trop bas. Mais sinon, il faut se montrer sans pitié avec soi-même.
Le tricot est un loisir pour la plupart de ses praticiens et il demande du temps et de l’attention. « On n’est pas aux pièces ! » disent la plupart des adeptes de cette activité si gratifiante.
Qu’importe le temps passé à réussir un ouvrage dont on sera satisfait ou qui fera plaisir à un ou une destinataire ?
C’est particulièrement vrai lorsqu’on doit se familiariser avec un nouveau point ou une nouvelle technique, ou suivre une grille particulièrement complexe. Il est nécessaire de tester avant, en vrai grandeur, la mécanique du point et ses enchaînements.
Je viens d’en faire l’expérience avec la maîtrise d’un motif qui, en soi, n’est pas si difficile – seulement des séquences juxtaposées de 4 mailles croisées à gauche ou à droite – mais dont l’enchevêtrement est diabolique. Le motif à répéter se développe sur 40 mailles et 28 rangs.
Il agrémente le modèle de débardeur Bergère de France "Babeth" n°M2996 et occupe en tout 78 m. sur 102 du plastron du débardeur. Cependant, je l’ai commencé avec la laine Mérinos que m’a ramenée d’Irlande et je vais en simplifier la forme.
Il me faut donc aussi convertir les indications fournies par BdF en fonction de la jauge de mon fil … je fais appel à mes réminiscences d’arithmétique.
J’ai donc commencé selon les dimensions de mon échantillon, forte de mon expérience précédente de ce fil très agréable. Mais au bout de 27 rangs du motif, je me suis aperçue que j’avait commis quelques erreurs. Question : faut-il tout défaire et recommencer ou continuer en pensant que personne ne verra les « bugs » ?
Seulement, moi, je les vois ces imperfections, je ne vois d’ailleurs plus qu’elles. Cela va gâcher mon plaisir …
Alors, crac, j’ai tout détricoté, laissé reposer ma pelote pour en lisser les friselis puis j’ai bravement remonté mes mailles, refait les 20 rangs de côtes 1/1 de la base et recommencé ce motif qui nécessite une attention de chaque instant.
Et maintenant, j’ai enfin compris la mécanique du dessin, donc moins de mal à me repérer, j’ai dépassé le niveau auquel j’avais tout démonté et je continue sur de bien meilleures bases. Bien entendu, il reste quelques erreurs, mais pratiquement invisibles.
Il faudra monter 98 rangs avant d’initier le creusement des emmanchures. C’est là qu’il va être compliqué de jouer avec le motif central.
J’aurai perdu une soirée de travail … qu’importe ! je continue ... et si le résultat me satisfait, je sais à qui je ferai un cadeau.