Ce qu'il faut de haine, polar de Jacques Saussey
Retour en métropole pour Jacques Saussey qui emporte son lecteur en plein cœur du Morvan, dans la petite commune de Pierre-Perthuis, à 5 kilomètres au sud de Vezelay.
Dans ce village où tout le monde se connaît, en particulier ceux que l’on peut considérer comme des « notables » - membres du conseil municipal, gendarmes, propriétaires fonciers - une étudiante joggeuse découvre un cadavre qu’elle n’est pas prête d’oublier, malgré le fait qu’elle étudie la médecine.
Le corps d’une femme gisant aux abords de la rivière, dévêtue, écartelée et entièrement recouverte d’une couche de vermine grouillante.
Le légiste déclarera qu’en réalité la victime d’une cinquantaine d’années a été séquestrée plusieurs jours avant d’avoir été transportée dans ce taillis en une mise en scène macabre.
Rapidement, on l'identifie comme une femme particulièrement haïssable, cadre supérieur diplômée X-Ponts, ayant œuvré sans vergogne pour sabrer dans les effectifs de sociétés en difficultés financières. On appelle ça un "manager de transition". Mais il semble qu'elle y ait trouvé du plaisir.
Car son attitude a poussé plusieurs personnes au suicide. De là à devoir suivre toutes les pistes de ceux ou celles qui auraient pu exercer une telle vengeance …
Les forces de police et de gendarmerie s’unissent, à Paris comme sur place, pour remonter tous les fils tordus de cette enquête où tout semble montrer que le meurtrier a longuement préparé son crime de haine.
L’auteur nous dévoile ses réflexions, ses précautions, son mobile, s'exprimant à la première personne.
Une belle occasion de décrire l’ambiance d’un village où restent enfouis des secrets, des relents de brouilles anciennes et jamais résolues, des paysages mouillés de pluie …
Comme dans la plupart des romans de Jacques Saussey, les femmes jouent ici un rôle de premier plan : la jeune Alice Pernelle qui a découvert le corps et veut contribuer à l'enquête, la capitaine de police parisienne Marianne Ferrand qui se remet mal de sa nouvelle solitude, Valérie Freysse, l’ex-bourreau devenu victime de son arrivisme et de son impitoyable cruauté.
La construction de l’intrigue est précise comme la description minutieuse et décourageante des vérifications opérées par les policiers pour remonter toutes les pistes imaginables, le plus souvent menant à des impasses. Mais comme toujours, il reste un détail infime – qui ne constitue cependant pas une preuve d’incrimination assez solide … Serait-on en présence d’un crime parfait ?
Encore un polar à dévorer en vingt-quatre heures, avec bien entendu, une chute (!) très inattendue.
Ce qu’il faut de haine, polar de Jacques Saussey, édité par Fleuve noir, 386 p., 21,90€