Condor, thriller de Caryl Férey
J’étais prévenue du caractère hyper violent des romans de Caryl Férey après la lecture de Paz …
Et je n’ai pas été déçue. De ce fait, j’ai sans doute mieux apprécié le style de l’auteur, la richesse des personnages, la construction « au cordeau » de l’intrigue.
Pour les fans de Tintin, on se retrouve dans le décor sauvage du « Temple du soleil », avec une scène finale particulièrement bien décrite. Et, en prime, on en apprend beaucoup sur la vie au Chili après la chute du régime dictatorial du général Pinochet.
Naturellement, l’auteur en profite pour exposer ses propres convictions politiques, mais il exprime souvent des réalités que bien peu décrivent.
Il s’agit d’une histoire de trafics organisé au plus haut niveau, entre ex-membres d’organisations autrefois liées au processus de répression des opposants politiques, d’exploitation des richesses minières séculaires du pays (en particulier le lithium), de mépris des descendants des populations autochtones. Rien que de très classique.
C’est la richesse des personnages qui donne tout son sens au roman. Une jeune vidéaste mapuche, un fiscaliste hanté par le supplice de sa mère, un vieux gauchiste devenu projectionniste d’art et d’essai dans un quartier pauvre, et surtout Esteban … La quarantaine, célibataire fils d’une famille multimillionnaire, il se présente – cela figure sur sa carte professionnelle – comme avocat spécialiste des causes perdues. Ecrivain aussi, mais surtout attaché à la justice et comme portant sur ses épaules toute la culpabilité de ces familles exploiteuses et corrompues dont il est issu.
Comme toujours dans ce genre de roman, l’histoire commence par une descente des héros aux enfers pour aboutir à la correction des méchants, mais en laissant bien des victimes innocentes sur le carreau. A croire que la trame de ces aventures est inscrite d’avance. Mais, même si on connaît plus ou moins le dénouement, le voyage dans ces paysages sauvages vaut le détour.
Condor, thriller de Caryl Férey, édité dans la collection Folio en format poche – 512 p., 9,70€