François 1er, biographie par Cédric Michon
A la différence du livre très récemment publié du même auteur sur Henri VIII, cette biographie ne comporte que de rares allusions à la vie privée de ce roi qui fut le premier à porter en prénom le nom de son peuple, François 1er (1494 – 1547). Sa première édition en 2015 avait pour sous-titre « Le pouvoir, les femmes et la guerre ». La nouvelle édition est intitulée « Un roi entre deux mondes ».
Un ouvrage qui s’apparente davantage à un essai d’histoire politique, en insistant sur les grands domaines où ce roi fut novateur, mais pas trop. En même temps dernier roi médiéval et premier souverain moderne, c’est une histoire de la Cour, de l’Etat naissant et des institutions politiques et surtout du Conseil et des conseillers, de l’élite et de la multiplication des offices … un moyen parmi d'autres de taxer les riches lettrés dans un royaume toujours à court d’argent pour financer les guerres.
François 1er commence son règne le lundi 1er janvier 1515. Il a vingt ans. Comme Henri VIII, il n’était pas destiné à devenir roi … mais on ne trouvera aucun arbre généalogique dans les annexes.
Ce qui importe est d’analyser la politique étrangère de ce roi qui se veut chevalier, commence dès le début par la victoire de Marignan et se fait battre et capturer à Pavie dix années plus tard : une répétition dramatiquement ratée de l’acte fondateur de sa légende.
On comprend cependant ses motifs de l’acharnement à conserver le duché de Milan afin de s’opposer à l’hyperpuissance de Charles Quint, d’où ses tentatives d’alliance avec l’Angleterre, les princes protestants allemands et avec Soliman de Magnifique.
L’analyse insiste sur le côté protecteur des arts et mécène de François 1er. Son accueil aux artistes italiens, le développement de l’imprimerie et des traductions des textes antiques, l’encouragement à l’usage de la langue française comme langue de culture, l’attention aux novations religieuses tout e demeurant dans une stricte orthodoxie.
C’est aussi un homme de plaisirs, avec au premier plan la chasse et la passion des constructions nouvelles. Onze châteaux sont construits ou rénovés durant son règne.
L’auteur insiste longuement sur les amis et conseillers du roi, les influences qu’il subit – celles de sa mère, prépondérante, sa sœur, sa maîtresse pendant vingt ans mais pas un mot sur ses deux épouses successives - et son mode de prise de décision. Comme dans l’ouvrage cité plus haut, l’origine des conseillers et leur rôle est finement analysé.
Car même si l’Etat ne constitue pas encore une identité identifiable, le règne de François 1er voit la mise en place d’une administration et d’une bureaucratie s’écartant du régime de type féodal précédent, fondé sur la relation personnelle avec le prince. Une tendance qui trouvera son apogée avec Louis XIV … et qui fait aussi songer aux cabinets ministériels contemporains de nos souverains démocratiques.
Il s’agit donc d’une biographie très conceptuelle, plus ancrée sur la philosophie du pouvoir que la dernière en date du même auteur, et qui livre une interprétation très originale sur la vérité face à la légende …
François 1er, un roi entre deux mondes, biographie de Cédric Michon, édité chez Belin (2018), 460 p., 24€