Destin tragique d'un jeune roi réformateur
En dehors des lecteurs compulsifs de romans historiques, qui a jamais entendu parler du roi de France et de Navarre Louis X le Hutin, le héros malheureux du premier épisode de la saga inoubliable de Maurice Druon « Les rois maudits » ?
Dans la suite jusque-là ininterrompue des Capétiens, Louis X (1289 – 1316) succède à son père Philippe IV le Bel et à son grand père Louis IX (Saint Louis). Lourde responsabilité !
Il accède au trône à l’âge de 25 ans et connaît de lourds déboires matrimoniaux, son épouse étant gravement compromise dans le scandale de la Tour de Nesle. Malgré son règne de seulement quelques mois, il aura pris pendant cette période deux importantes décisions.
La première, c’est l’édit du 3 juillet 1315 qui permet aux serfs de racheter leur liberté. Il affirme en effet que « selon le droit de nature, chacun doit naître franc » et que « par tout notre royaume les serviteurs seront amenés à la franchise. » Donc, « nul n’est esclave en France » et le fait que « le sol de la France affranchit l’esclave qui le touche. » Une décision bien antérieure à l’avtion de Victor Schelcher.
Et le fait que quelques siècles plus tard, tout planteur des Caraïbes qui rentrait en Métropole accompagné de certains de ses esclaves les voyant aussitôt affranchis dès qu’ils posaient le pied à terre.
Le 28 juillet de la même année, Louis X émet une charte qui autorise le retour dans le royaume des Juifs expulsés par son père en 1306, pour une durée de 12 ans, son*us diverses contraintes (signes distinctifs et obligation de résidence).
Ces deux édits ont vocation à recueillir des fonds pour financer le conflit en Flandres … mais il n’en verra pas les résultats : il meurt d’une pneumonie en juin1316 … même si des rumeurs d’empoisonnement persistent. C’est l’argument de Maurice Druon dans son livre qui a marqué ma jeunesse … et que je me demande si je ne vais pas relire pour la cinquième fois.
Le destin tragique d’un jeune roi pragmatique et entreprenant, fauché en pleine jeunesse, et qui n’aura laissé qu’un héritier mâle qui ne vécut que quatre jours – Jean 1er le Posthume – occasionnant un changement de branche régnante, les Valois à la place des Capétiens.