Kimono, exposition au musée du quai Branly
Nul n’ignore ma passion pour la culture nippone …
Aussi me suis-je ruée dès le lendemain de son ouverture sur cette belle exposition présentée par le musée du Quai Branly, avec une très importante contribution du Victoria and Albert Museum de Londres.
Le kimono - littéralement "ce qui se porte" - était à l'origine un sous-vêtement de soie porté par l’aristocratie japonaise. Au milieu du XVIIe siècle, il devient la pièce maîtresse d’une nouvelle culture vestimentaire fleurissant à Kyoto, épicentre national de la production textile de luxe.
Il devient la tenue traditionnelle par excellence à partir de l’ère Edo (1603 – 1868), portée par tous les Japonais hommes ou femmes, quel que soit leur statut social.
C’est la naissance d'une culture de la mode grâce à l'engouement du monde du spectacle. Les célébrités et les acteurs de kabuki, des courtisanes, la classe marchande deviennent des icônes de la mode japonaise.
Dans les années 1850, avec l'ouverture du Japon au commerce extérieur, le kimono s'exporte en Occident. Et sa forme élémentaire commence à donner des idées aux créateurs européens ...
Le kimono est fabriqué d'une seule pièce d'étoffe, coupée le moins possible. Les longueurs de tissu sont drapées sur les épaules et retombent jusque sur les ourlets à l'avant et à l'arrière du vêtement. Sur les côtés, d'autres longueurs de tissu forment les manches. Des pièces de tissu sont utilistées pour le col , le sur-col et les chevauchements de l'ouverture frontale. Ces pièces sont cousues ensemble temporairement et le motif est dessiné sur la surface. Les parties sont ensuite séparées pour être décorées.
Cependant, à partir de l’ère Meiji (1868), les élites préfèrent de vêtir à l’occidentale. Le kimono perd du terrain. La mode se fait plus discrète.
Mais après la seconde guerres mondiale, le kimono passe de la pratique quotidienne au costume codifié. Il redevient vêtement à la mode qui suscité l’intérêt des créateurs.
Quelques décennies plus tard, il a dépassé son statut de symbole, reniant son caractère traditionnel et intemporel, et n'a rien perdu de sa beauté entre les ciseaux des plus grands créateurs du monde (comme John Galliano ou Alexander McQueen) ou dans les rues de l'archipel, revisité de manière innovante et parfois subversive par les jeunes Japonais.
A travers les siècles, le kimono reste de coupe immuable : quelques bandes de tissu en petite largeur. En soie, imprimés, brodés, en coton (Yukata), superposés en plusieurs couches, avec traine, en multiplis avec Issey Miyake, en surkimono comme ces kimonos de mariage de couleur rouge, portés après la cérémonie sur le kimono blanc, avec chemise blanche et cravate … et en soierie à damier, comme une inspiration de la maison Louis Vuitton, et comme le costume de Stars Wars, quand George Lukas pensait confier le rôle d’Obi Wan à Toshiro Mifune …
Mon regret : aucun kimono destinés aux travailleurs et peu de kimonos « de tous les jours » en coton, et aucun obi les larges ceintures, alors que certains sont confectionnés en superbes tissus damassés …
Ki-Mo-No, exposition au Musée du quai Branly Jacques Chirac jusqu’au 28 mai – à partir de 10h 30 tous les jours sauf le lundi – 12€.