Revoir les séries de ma jeunesse
Je me demande si ma passion pour l’histoire n’est pas née en partie à l’occasion des séries « en costumes » visionnées dans les années 70. Et cependant, je ne les ai pas toutes vues …
Grâce aux archives de l’INA – Institut National de l’Audiovisuel – elles sont accessibles moyennant un abonnement mensuel de 2,99€ et je me régale des après-midi entières à remonter le temps.
Naturellement, les techniques de mise en scène, de cadrage et de construction de scenarios ont profondément évolué. La couleur a bouleversé la donne, quoiqu’un bon éclairage pouvait rendre la dramaturgie encore plus forte en noir et blanc. La richesse des costumes, la méticulosité des décors, la diversité des castings m’étonnent, au regard de ce que je vois aujourd’hui de certaines séries policières françaises contemporaines.
J’ai découvert récemment deux « feuilletons » qui m’avaient échappé : Les Compagnons de Jéhu et Les Boussardel.
Diffusé à partir de septembre 1966, les Compagnons de Jéhu est l’adaptation du roman d’Alexandre Dumas réalisée par Michel Drach. Curieusement, le rôle de la jeune première n’y est pas tenu par son épouse, la belle Marie-José Nat, mais par une illustre inconnue qui lui ressemble beaucoup : Josée Steiner.
13 épisodes de 30 minutes racontent l’épopée d’une bande de jeunes royalistes devenant pillards des deniers du Directoire – ils attaquent les diligences - afin de financer la restauration de Louis XVIII. Les scènes principales se déroulent en Bourgogne, les derniers épisodes vers les pays de la Loire où opère Georges Cadoudal.
Ce qui m’amuse le plus, c’est de découvrir, sous certains petits rôles, des acteurs qui vont devenir célèbres … ou pas du tout. Ici, le rôle principal est tenu par le sublime Claude Giraud, à la voix irremplaçable. On y aperçoit aussi Bernard Fresson, Jean-Pierre Darras, François Mestre … mais je n’ai aucun souvenir de Yves Lefebvre, et seulement très flou de la belle Andréa Parisy. Une coproduction franco-germano-canadienne. Avec beaucoup de scènes de cape et d’épées, de belles cascades et chevauchées … et de l’amour, bien entendu.
Les Boussardel sont tirés du roman de Philippe Hériat, lu par ma mère avec grand intérêt. C’est une minisérie de 5 longs épisodes réalisée en couleurs par René Lucot assisté de Pierre Cardinal.
On change ici de décor et d’époque : l’histoire commence avec l’occupation des troupes « alliées » après Waterloo, et narre l’ascension d’un jeune financier engagé comme agent de change mais qui va surtout faire fortune dans l’immobilier et la spéculation foncière permise par les travaux du baron Haussmann, l'aventure d'une dynastie suivie depuis la Restauration jusqu'à l'après-guerre de 39-45.
Une famille qui devient immensément riche en lotissant les terrains de la plaine Monceau, sautant sur les opportunités politiques, se préservant des changements de régimes, qui se conforte avec des alliances matrimoniales fructueuses. Mais qui comporte aussi son lot de mauvais sujets …
Les acteurs sont moins prestigieux mais tiennent chacun parfaitement leur partie : François Dalou, Gérard Jourde, Maïa Simon, mais aussi André Dussolier bien jeune, comme Francis Perrin, puis Lise Delamarre et Nicole Courcel. On ne manquera pas de songer au parallèle avec certaines familles françaises ayant bâti elles aussi un empire familial, à l’échelle mondiale cette fois.
Ainsi donc, bien calfeutrée dans mon canapé, je passe des après-midis à regarder des séries d’autrefois, en me disant que nous avions bien de la chance que l’audiovisuel public nous apporte à domicile, des œuvres d’une telle qualité à la portée de tous.
Car à présent, cela me donne envie de lire les livres dont ces scenarii sont issus !
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