Les masques éphémères, polar de Donna Leon
A chaque automne éclot une nouvelle enquête du commissaire Guido Brunetti …
Celle-ci est la trentième et c’est un bon cru.
Une histoire très vraisemblable, débarrassée des habituelles déplorations de la corruption du personnel politique et/ou administratif italien, qui met en valeur la coopération entre services de police et, une fois n'est pas coutume, le professionnalisme et la loyauté des napolitains.
L’intrigue se déroule en grande partie sur les eaux, la lagune et ses chenaux et la haute mer, cette partie nord de l’Adriatique où se croisent les trafiquants (cigarettes, marchandises volées, drogues en tous genres et aussi êtres humains).
Comme lors des derniers épisodes, le rythme de la dramaturgie est lent, et la part laissée à la psychologie des protagonistes importante.
Brunetti, toujours passionné par la littérature antique – en particulier une nouvelle traduction de Tacite – regarde ses deux enfants devenir adultes. De temps en temps, on croirait que ses circuits intellectuels s’arrêtent. Il s’évade dans des pensées confuses … Commencerait-il à éprouver les premiers symptômes d’une maladie neurodégénérative ?
L’affaire sur laquelle il enquête, en étroite collaboration avec sa collègue Claudia Griffoni, porte sur des jeunes gens, justement : deux étudiantes américaines gravement blessées qui ont été déposées sur l’embarcadère du service d’urgence de l’hôpital par deux garçons aussitôt repartis sur leur bateau. Pourquoi une telle hâte ? La caméra de surveillance a tôt fait de les identifier, deux amis d’enfance dont un jeune avocat et le conducteur du bateau, blessé lui aussi, neveu d’un entrepreneur de transports au passé pour le moins inquiétant.
Les indices sont particulièrement ténus, les preuves d’une filière mafieuse seront complexes à réunir, mais la mécanique intellectuelle des enquêteurs, comme toujours appuyée sur les recherches de la signorina Elettra, en viendront à bout. Et l’on découvrira une coopération efficace avec la Guardia Costiera et une scène finale digne d’un film d'action à l'américaine où Brunetti montre qu’il n’a rien perdu de ses réflexes.
Les masques éphémères, Transient Desires, polar de Donna Leon traduit de l’anglais par Gabriella Zimmermann, chez Calmann-Lévy, 337 p., 21,90€