Eugénie Grandet, roman d'Honoré de Balzac

Lorsque j’étais lycéenne, j’étais plutôt rétive aux conseils de lecture, en particulier pour ce qui concernait les classiques …

Je n’ai donc pas lu ni Le père Goriot, ni Eugénie Grandet … Plus tard, j’ai acquis ces ouvrages dans la collection de La Pleiade … qui dorment toujours dans ma bibliothèque. C’est donc pour moi une découverte pleine de saveur aujourd’hui. Et je m’interroge : aurais-je eu la maturité nécessaire pour apprécier le style et l’intrigue à 17 ans ? Ce n'est pas évident !

Eugénie Grandet fait partie de la série des Scènes de la vie de province, et parut en 1833. Le titre aurait pu tout autant en être « Félix Grandet », car le personnage le plus sombre de cette histoire de famille est le père. Tonnelier puis viticulteur, pire avare que celui de Molière, Grandet mégote sur tout et fait vivre dans un dénuement impensable son épouse et sa fille Eugénie, belle mais déjà âgée de 23 ans et célibataire convoitée.

Epargnant sur tout et toute sa vie, souvent de mauvaise foi, bégayant pour tromper ses partenaires en affaires, spéculant sur les métaux précieux et les titres de rente, la fortune du père Grandet est incommensurable. Deux familles rivalisent d’obséquiosité en espérant pour leur fils un heureux mariage avec la richissime héritière. Tout Saumur murmure sur les chances des uns et des autres.

Et puis survient Charles, le fils du frère de Monsieur Grandet. Il est jeune, beau, c’est un dandy parisien criblé de dettes, que son père, totalement ruiné et sous la menace d'une faillite, envoie à son frère après s’être brulé la cervelle. Naturellement, Eugénie en tombe profondément amoureuse.

La suite est édifiante, sur les manies d’un tyran domestique, le courage d’une jeune fille qui affirme sa volonté, la condition d’aliénation des épouses, la force des rumeurs et de l’honneur familial.

Avec naturellement la force évocatrice de Balzac … inégalée.

Eugénie Grandet, roman d'Honoré de Balzac, édité par Flammarion en format poche, 304 p., 2,80€

Comments

[Jauneyris]

J’ai lu mais devrai bien relire certains de ces classiques car j’étais bien jeune, mes parents refusaient la télévision par conséquent ma sœur et moi nous évadions en lisant beaucoup, Balzac, Émile Zola, Roger Martin du Gard, Victor Hugo, Hector Malot, Pierre Loti… Nous adorions lire, cette passion ne m’est pas passée je lis toujours je ne pourrai m’endormir sans avoir fait ma lecture du soir. Douce soirée.

[KAT]

Rrrrroooo, mais quelle bonne idée !! Effectivement, je me souviens très très bien de ma 1ère A2, où nous devions absorber ce genre de lecture non stop, contraignante DONC pénible : et aujourd'hui, une délectation. Si on nous ne n'y avait pas contraint(e)s à l'époque... est-ce que nous penserions à les ouvrir aujourd'hui, est ce que nous les connaîtrions ? Quoiqu'il en soit, la maturité ouvre des canaux de compréhension insoupçonnés !

Merci Bigmammy de nous rappeler ce genre de lecture ! (Lorsque j'ai lu le titre du post, je me suis tout de suite dit "ah, mais....ce n'est pas le registre habituel ! D'où la curiosité. Génial, vous êtes pleine de rebondissements, qu'est-ce que j'adore !!!)

[Colette]

Avec la maturité on lit, on apprécie, on analyse tout autrement et ce qui n'était que rébarbatif peut s'avérer être éblouissant !

[Sylvie]

J'ai lu Le Père Goriot. Je pense avoir lu Eugénie Grandet. Mais je ne me souviens ni de l'un ni de l'autre. Tellement ces lectures me barbaient à 15-16 ans. Idem pour Zola. Dégoûtée à tout jamais. Il faudrait peut-être que je donne une seconde chance à ces auteurs. Ou au moins à Balzac. Ceci dit, je garde un très bon souvenir de mes années lycée.