L'avocat du diable, thriller catholique de Morris West (1959)
Fin des années cinquante. Alors qu’il vient d’apprendre qu’il est atteint d’un cancer non opérable et qu’il ne lui reste que quelques mois à vivre, Monseigneur Blaise Meredith, évêque anglais œuvrant à la Congrégation des Rites, est missionné par le Vatican pour mener une enquête préliminaire à la béatification d’un homme fusillé par les communistes en 1943 dans un village perdu de la Calabre.
Cet homme, Giacomo Nerone, aurait pratiqué la charité à grande échelle parmi la population terriblement pauvre au cours des onze mois qu’il a passé parmi eux et il a suscité une vénération qui inquiète le Vatican. Blaise Meredith va interroger tous ceux qui l’ont côtoyé durant cette période : il doit en priorité démasquer une éventuelle supercherie, ce bienheureux en puissance suscitant déjà un afflux de pèlerins et de touristes.
Confronté à la pauvreté inouïe de cette partie délaissée de l’Italie et aux douleurs de sa maladie qui progresse inexorablement, Meredith va rencontrer tour à tour Nina, la maîtresse de Giacomo Nérone, dont elle a eu un fils, Aldo Meyer, le médecin juif exilé politique, Anne-Louise de Sanctis, la seigneure du pays, britannique elle aussi, encore jeune et riche mais insatisfaite et qui fut dédaignée par Giacomo, Nicholas Black, peintre raté qui vit à ses crochets et a des vues sur le jeune fils du « futur saint », le curé du village, le père Anselmo, alcoolique qui vit en concubinage avec sa vieille gouvernante.
Progressivement, avec humilité et tact, le prélat qui n’était jamais sorti des bureaux du Vatican, retrace le parcours de l’homme arrivé de nulle part, découvre sa véritable identité et, à travers ses écrits, analyse son cheminement spirituel. Il n’aura cependant pas le temps de mener à bonne fin son enquête …
Malgré les développements philosophiques parfois un peu longs mais intéressants, l’intrigue est prenante et l’on veut tout connaître de l’histoire de Giacomo Nerone, et comment il fut trahi par les siens en cette période de guerre et d’opposition frontale entre idéologies ; avec les enjeux d’intérêts contradictoires et les traditions païennes résiduelles d’une population en survie en trame de fond.
Morris West (1916 – 1999), auteur australien catholique, a publié ce roman en 1959, qui fut un best seller et est toujours d’actualité.
L'avocat du diable - The Devil's Advocate - de Morris West, traduit par Cécile Messadié, publié chez Plon et en Livre de Poche ainsi qu'aux éditions Rencontre, 441 p.