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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 6 petits-enfants.
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3 juillet 2022

Histoire politique du XIXème siècle, par N. Delalande et B. Truong-LoÏ

Histoire politique 19

Avec une délicieuse nostalgie, je me suis retrouvée sur les bancs de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris en dévorant la retranscription de ce cours magistral dispensé entre 2015 et 2021 …

Car cette histoire globale et mondialisée des institutions et des grandes évolutions politiques montre l’extraordinaire mutation du monde pendant de XIXème siècle qui présente de si fortes similitudes avec le nôtre.

Le XIXème siècle est en effet le laboratoire où se dessinent les nouvelles idées politiques, nouvelles configurations sociales, nouvelles formes de mobilisation des masses, ou encore le creuset de la « modernité » économique et sociale européenne.

La prétention de l’Europe n’est pas seulement d’incarner une civilisation mais LA CIVILISATION : Il y a « nous » et « eux », tous les autres : l’Europe exporte de gré ou de force ses conceptions, ses principes et sa puissance vers d’autres continents.

De 1780 à 1900 se transforment les aspirations et les formes d’organisation politique et émergent de nouveaux concepts : révolution, nation, empire, représentation, citoyenneté, droit, tous fruits des mouvements révolutionnaires, de la dissolution des empires, inventent un nouveau rapport à la politique, introduisent la perspective d’une démocratisation graduelle des institutions qui remet en cause les anciennes formes de pouvoir et de légitimité.

Après le congrès de Vienne et la dissolution de l’empire napoléonien, les régimes les plus autoritaires promeuvent cependant des politiques de réconciliation et d’apaisement après les ravages de la guerre. Mais en 1848, les mouvements révolutionnaires se développent en Sicile, Italie, Hongrie, Autriche, Prusse, Venise, Paris. Une contagion comme lors des Printemps Arabes en 2011.

Fait majeur de ce siècle : l’industrialisation et l’émergence de la question sociale. La croissance économique augmente le niveau moyen mais creuse profondément les inégalités, quand le développement de la circulation de l’information favorise la diffusion des techniques insurrectionnelles. Au XIXème siècle règne le libéralisme, la responsabilité individuelle plutôt que l’interventionnisme de l’Etat et la régulation des marchés.

Autre fait majeur à lourdes conséquences à long terme : l’impérialisme colonial, l’exploitation des richesses en hommes et en matières premières des continents africains et asiatique de façon formelle ou informelle (Chine), mais aussi brutales. Avec pour prétexte la prétendue supériorité de la « race » blanche sur toutes les autres.

Malgré tout, le processus de constitutionnalisation et de parlementarisation progresse en Europe mais pas en Russie ni dans l’empire ottoman. Mais l’essor des couches nouvelles – les classes moyennes et prolétaires – n’a pas fait disparaître les élites traditionnelles issues du monde aristocratique et prérévolutionnaires. Et en toile de fond, la lente lutte des femmes pour faire reconnaître leur droit à la citoyenneté.

Bref, un manuel passionnant mais accessible, bourré de références bibliographiques, d’encadrés éclairants et nourri des dernières recherches historiographiques qui remettent en cause une foule de notions aujourd’hui dépassées : une vision globale non homogène ni autocentrée, qui permet de comprendre le monde multipolaire d’aujourd’hui, quand la nostalgie des anciens empires (russe, ottoman) renaît chez Erdogan et Poutine, donnant naissance à des politiques expansionnistes agressives.

 

Histoire politique du XIXème siècle, par Nicolas Delalande et Blaise Truong-LoÏ, aux presses de Sciences Pô, 422p., 24€

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