L'hôpital en risque de collapsus ?
On parle beaucoup de la crise de notre système hospitalier, avec l’angoisse – certainement justifiée dans certains secteurs – d’une catastrophe pour cet été qui vient avec la fermeture de certains services d'urgence par manque de soignants …
Comme dans un très grand nombre de secteurs économiques – et politiques – nous sommes parvenus à une fin de cycle. Et il est très difficile de tout remettre à plat, particulièrement à l’hôpital, un monde particulièrement administré, excessivement technique et donc « normé ». C’est toute l’organisation de notre système de santé qui est à revoir … et pas seuelement l'hôpital. Des déserts médicaux face à des secteurs où il y a pléthore de soignants.
Pour ma part, et depuis 6 mois, je suis involontaire « consommatrice » frénétique de services hospitaliers : j’ai pu apprécier très récemment le privilège d’habiter Paris et d’avoir été prise en charge en moins d’une demi-heure par le SAMU Necker et traitée immédiatement pour un infarctus foudroyantà l'hôpital Cochin. Efficacité, organisation, communication, coordination, compétence : en un mot, ils m’ont sauvé la vie. Et depuis le début du mois, je viens chaque jour à l’Hôpital Européen Georges Pompidou pour soigner mon cancer.
Tout s’enchaîne de façon fluide, je reçois les confirmations par SMS, des conversations téléphoniques planifiées avant chaque RDV, je n’attends pas … En un mot : j’ai confiance. Mais c’est Paris.
En fait, nous ne sortons pas de la contradiction entre volonté politique de résorber les déserts médicaux et liberté d’établissement des professions libérales. C'est la coordination entre médecine de ville et système hospitalier qui n'existe plus, et depuis de nombreuses années. Et la prise de conscience du coût de la santé.
D’autant plus que ces trente dernières années, pour limiter la « surconsommation médicale » qui était réputée aggraver le « trou » de la sécurité sociale, on a cru que la solution résidait dans la limitation du nombre de médecins formés, alors qu’on connaissait déjà la tendance au vieillissement de la population.
Notre vie politique est jalonnée de décisions absurdes, coûteuses, inopérantes et cependant prises en toute bonne foi.
Notre grande faiblesse collective, c’est l’ignorance des cycles longs. Aucune formation politique ne s’est jamais attelée dans la durée à la réforme indispensable de ce domaine primordial qu’est la santé. Et le raccourcissement du mandat présidentiel en fut un facteur aggravant.
Parler politique avec des citoyens « normaux » apprend beaucoup de choses. C’est ce que je fais régulièrement avec les chauffeurs de taxi qui me conduisent à l’hôpital … La plupart ont de bonnes idées, même s’ils ne disposent pas de l’information de base. Ces conversations sont pour moi d’instructifs moments de partage. Elles me sortent de mon isolement de malade à domicile. Une respiration bienvenue … et je me régale des multiples itinéraires qui me conduisent de mon domicile à l’hôpital !
En conclusion : soutenons le personnel de l'hôpital public, acceptons de payer le prix de la compétence et de l'engagement (à travers nos impôts ou en faisant un don à la Fondation AP-HP ou à la Fondation Curie).