Dernier verre à Manhattan, roman de Don Winslow (1996)
Je poursuis ma lecture systématique de l’œuvre prolifique de Don Winslow.
Ce roman d’espionnage, assez déconcertant mais plein d'humour, naturellement noir, date de 1996. Il situe l'action dans la dernière semaine de l’année 1958.
Un hymne à Manhattan, entre Noël et jour de l’an, avec la neige, le froid, les décorations, les rues pleines de gens affairés à leurs emplettes … avec en toile de fond le grand sapin du Rockefeller Center et sa patinoire, Times Square … Très cliché tout ça.
Lancinantes aussi, les références musicales et sportives : jazz à tous les étages et, au cœur du roman, la description exhaustive d’un match de foot américain. Comme si on avait versé ensemble dans un shaker la série Mad Men, un zeste de Soprano, Chandler, John Le Carré, Tom Clancy …
Le reflet d’une époque, et une parodie d’histoire d’espions et de guerre des agences fédérales chargées de les surveiller : CIA, FBI, avec des personnages à clé totalement transparents.
Le héros de cette histoire rocambolesque s’appelle Walther Withers. Ex-agent de la CIA chargé à Stockholm de recruter de superbes femmes scandinaves afin de retourner des agents de l’Est – des « pièges à miel » - il a préféré retourner à New York et à la vie civile. Grand et beau, âgé de 33 ans, il travaille comme détective privé pour une agence de renseignements professionnels. Mais peut-on jamais vraiment quitter une agence fédérale ?
Très élégant, ancien de Yale, parle naturellement plusieurs langues, a suivi un entraînement spécifique. Anne, sa petite amie française, est chanteuse de jazz. Comme de juste, il fréquente énormément les bars et a un faible pour l’alcool, mais seulement du meilleur.
Il est désigné par son employeur comme de garde du corps de Madeleine Keneally, la superbe épouse du jeune et prometteur sénateur démocrate – le personnage est transparent – et va se trouver confronté à une embrouille magistrale entre l’Est et l’Ouest, police locale et agences diverses. Un festival échevelé, un exercice de style, une plongée dans les sites emblématiques de Manhattan, des bagarres, des coups de poings, des retournements de situation inattendus … que l’on a du mal à suivre.
Ne manque plus que Bogart … Mais j’ai préféré les romans plus récents de cet auteur.
Dernier verre à Manhattan (Isle of Joy), roman d’espionnage de Don Winslow, traduit de l’anglais par Philippe Loubat-Delranc, au Seuil – collection Points, 423 p., 8€