Boldini, les plaisirs et les jours, exposition au Petit Palais
Pour ma première et dernière journée de liberté avant les affres du traitement, j’ai choisi de visiter l’exposition Boldini (1842 - 1931) qui se tient au Petit Palais jusqu’en juillet …
Une nouvelle plongée dans cette « Belle époque » qui m’est particulièrement chère – et qui ne fut belle que pour la grande bourgeoisie - avec ses peintres attitrés comme Jean Béraud et ses écrivains d’immense talent comme Proust, Maupassant, et tant d’autres !
Au départ, Giovanni Boldini entre en contact avec le groupe des Macchiaioli, puis s'installe avec succès à Florence puis à Londres, enfin à Paris.
Les portraits mondains de Boldini, j’ai toujours adoré.
Je ne me lasse pas d’admirer celui du comte de Montesquiou, le modèle de Des Esseintes de J. K. Huysmans et de Marcel Proust, tellement célèbre, et de toutes ces célébrités de l’époque, ces femmes qui n’hésitaient pas à montrer leur profond décolleté, mais jamais leurs chevilles, dans un luxe de tulles et de dentelles, de plumes de paon, des bijoux étincelants et parfois même en compagnie de leurs fils brandis comme des trophées …
Né à Ferrare, proche de Degas et de Proust, Boldini ne tarde pas à devenir le portraitiste célèbre des milieux aristocratiques et de la grande bourgeoisie : princesses, riches héritières, hommes en vue, écrivains.
Son style est à contre-courant des avant-gardes mais pas seulement, comme le dit Guillaume Apollinaire, il touche aussi au modernisme.
Il commence par de petites scènes de genre, avec pour modèle sa muse représentée sur des toiles de petit format fumant sur un canapé ou crochetant …
Las de ces œuvres alimentaires commandées par son marchand de tableaux Goupil, il se lance dans les portraits en grand format …
C’est le succès assuré.
Son trait est nerveux, rapide, la mise en scène assez uniforme : dans son atelier, toujours. Décor réduit au minimum. On apprécie aussi ses autos portraits : ce n’est pas un Adonis …
Pour moi, qui connaissais déjà quelques unes de ses toiles reconnaissables entre toutes, cette rétrospective est une révélation : son talent touche tous les genres : les portraits au premier chef mais aussi des natures mortes, des scènes d’intérieur … Rien ne lui échappe.
L’artiste se lie également d’amitié avec le caricaturiste Sem et le peintre Paul Helleu et tous les trois deviennent inséparables.
Ses portraits fixent le tout-Paris de la Belle Époque.
En haut de forme et moustaches conquérantes, c'est Willy, le premier mari de Colette ...
Avec ces tableaux, le peintre témoigne également de son goût prononcé pour la mode.
Il brosse à grands traits les plus belles tenues des couturiers Worth, Paul Poiret, Jacques Doucet et bien d’autres et développe, au fil de ces commandes, un style unique qui sera sa signature : une touche rapide, une attention à la pose du modèle, une mise en valeur de la ligne serpentine des corps.
Bref, une orgie de luxe et de volupté … Quelle époque !
Boldini, Les plaisirs et les jours, exposition au Petit Palais - Avenue Winston Churchill 75008 Paris - jusqu’au 24 juillet. Fermé le lundi. 14€.