Aristide Maillol, la quête de l'harmonie au musée d'Orsay
De cet artiste dont les œuvres sont reconnaissables entre toutes – ces nus bien en chair au velouté incomparable - je croyais connaître l’essentiel, en particulier pour avoir à maintes reprises visité le musée qui lui est consacré à travers la Fondation Dina Vierny, celle qui fut son dernier modèle.
Cette exposition fait découvrir de nouveaux aspects de son talent, souvent mal compris. Effectivement, Aristide Maillol (1861 – 1944) adopte toujours le même canon féminin dans des formules répétitives, mais il le décline à l’infini dans des matériaux variés.
Frais émoulu de l’Ecole des Beaux-Arts, Maillol se destine d’abord à la peinture. Ses maîtres sont Cézanne, Courbet, Gauguin. Il préfère la simplicité de l’« art primitif » du Quattrocento.
De 1890 à 1904, il se tourne vers la broderie, des bois sculptés, des céramiques. A Banyuls, il commence à modeler des statuettes en argile blanche et noue une relation avec l’une de ses brodeuses, Clotilde Narcis qu’il épouse et qui devient son modèle de nus.
Il a pour mécène le comte Harry Kessler, collectionneur d’origine allemande. Ce sera sans doute la source de son inclination pour la culture d’outre-Rhin, qui le conduira à la fin de sa vie à être considéré par Vichy comme le chef de file de la sculpture française et à revenir à Paris en 1942 participer au vernissage de l’exposition du sculpteur officiel du IIIème Reich Arno Breker, voyage qui entachera durablement sa réputation.
A plusieurs reprises mais relativement tard, Maillol reçoit des commandes publiques de monuments commémorant des grands hommes honorés par leur ville natale … et pourtant, à chaque fois, il réalise des allégories féminines déroutantes … Le monument au révolutionnaire Auguste Blanqui à Puget-Téniers fait ainsi scandale.
Maillol cherche la simplicité dans une forme d’universalité, sans se soucier du sujet, une esthétique de la forme pure. A propos de Méditerranée – manifeste d’un renouveau de la sculpture face à l’expressionnisme de Rodin - il déclare en 1905 : « Elle est belle ; elle ne signifie rien ; c’est une œuvre silencieuse. Je crois qu’il faut remonter loin en arrière pour trouver une aussi complète négligence de toute préoccupation étrangère à la simple manifestation de la beauté. »
Aristide Maillol, la quête de l’harmonie, exposition au musée d’Orsay jusqu’au 21 août, fermé le lundi. Commissaires : Ophélie Ferlier-Bouat et Antoinette Le Normand-Romain.