Charles Ray, exposition à la Bourse de Commerce
Charles Ray est né en 1953 à Chicago.
A la fois présent à la Bourse de Commerce et au Centre Pompidou, c’est la première rétrospective consacrée à Paris à ce sculpteur américain, très inspiré de la statuaire antique, et qui utilise souvent son propre corps comme matériau.
L’artiste déclare avoir été fasciné par un Kouros du Vème siècle avant J-C exposé au MET, un rare objet très lisse dans ce monde de rugosité. Il eut sa première exposition en solo à 18 ans.
François Pinault collectionne ses œuvres depuis 1992. C’est lui qui lui a passé commande du Boy with a frog en 2009 pour son palais de Venise.
Campée devant le parvis, la statue équestre d’un cavalier rutilant, tout en acier inoxydable, accueille les visiteurs – selfies obligés !
La sculpture suivante à l’intérieur est celle d’un homme assis, massivement triste, les mains aux genoux, en marbre immaculé très légèrement veiné de gris …
Dans ce décor surdimensionné, tendu uniformément de blanc et nimbé de lumière naturelle, la blancheur des sculptures leur confère une dimension quasiment inquiétante.
Ce sont, à l’exception de la reconstitution d’un Unbaled Truck, échoué au milieu de la rotonde, méticuleusement recomposé, des figures humaines, sculptées dans des matières parfois surprenantes : marbre, acier inox brillant ou peint en blanc, fibre de verre peinte, béton, papier.
Charles Ray utilise aussi son corps, comme cette figure assise, un autoportrait sans complaisance, en papier … mais il reproduit aussi une œuvre sacrée, Study after Algardi, immense Christ baroque sans croix, dans ce même matériau.
Chez Charles Ray, tout un chacun peut devenir le sujet d’une sculpture monumentale.
Et même cet étrange groupe d’hommes nus interpénétrés – Oh ! Charley, Charley, Charley - autant de clônes de l’artiste, dont se dégage un terrible ennui.
Si vous n’y prenez garde en entrant sous la haute verrière, vous risquez de rater la plus petite et sans doute la plus émouvante figure : celle d’un jeune garçon jouant avec sa petite auto – The New Beetle.
Pas de panique, elle est en acier peint … pas comme l'autoportrait assis en papier !
Quant à la plus surprenante, c’est selon moi Fall ’91, l’image non d’une femme géante (2,44 m.) mais d’un mannequin de magasin, en mode surdimensionné.
Citation de l'artiste :
"Peut-être que ce que j'aime, c'est de retourner vers les choses, montrer ce qui doit être caché et cacher ce que tout le monde voit."
En tous cas, la visite de l'écrin est aussi importante, sinon plus, que cette suite de 17 sculptures parfois étranges ...
Car l’art contemporain est souvent surprenant, voire déstabilisant, mais c’est l’art de notre époque dingue, et j’ai eu le plaisir de découvrir cet artiste en compagnie de Romane.
Encore un bonheur de grand-mère.
Charles Ray, exposition à la Bourse de Commerce - Pinault Collection, 2 rue de Viarmes, Paris 1er, ouvert à partir de 11 h, tous les jours sauf le mardi, 14€, gratuit pour les moins de 18 ans, jusqu'au 6 juin.