Le retour du croisé, relief roman du prieuré de Belval (XIIème siècle)
Il y a quelques années, j’ai acheté pour notre maison de Lot-et-Garonne une statuette en pierre reconstituée, reproduction du relief « Le retour du croisé ».
Nous l’avons installée dans une niche bien à l’abri, juste devant la maison.
Un peu en galère de livres en ces temps de froidure – car j'attends le traineau du Père Noël – je me replonge dans mes nombreux albums, achetés le plus souvent au sortir d’une exposition … et jamais relus ensuite.
Ce sont pourtant de superbes éditions qui non seulement servent de catalogues mais vont beaucoup plus loin dans les explications historiques, telle cette édition Hazan/ Musée du Louvre « La France Romane au temps des premiers Capétiens » éditée à l’occasion de l’exposition de mars à juin 2005.
Naturellement, c’est une joie renouvelée pour moi qui suis fan de la période romane. Je me replonge avec délices dans cette période cruciale de notre patrimoine qui court entre le couronnement d’Hugues Capet en 987 et le remariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri Plantagenêt en 1152, origine de la terrible lutte entre les deux royaumes et naissance de l’art gothique.
La vraie statue « Le retour du croisé » est un grès taillé de dimensions 129 x 39 x 23 cm, conservé à Nancy, au Musée lorrain. La nôtre est une réduction qui ne dépasse pas 30 cm de haut.
En fait, les œuvres d’art plastique en rapport avec les croisades sont rares. L'étrange, c'est l’interprétation de cette sculpture qui a donné lieu à une polémique. D’abord on a considéré que ce couple était celui d’Hugues 1er de Vaudémont et de sa femme Adeline de Lorraine. Ayant pris la croix en 1147 avec Louis VII, il n’en était pas revenu et on l’avait cru mort. Mais il réapparut en 1161 (ou 1163). Sa femme, considérée comme veuve, ne s’était pas remariée. Cette œuvre célèbre leurs retrouvailles.
Cependant, un autre historien donne une interprétation différente, celle d’un épisode du Roman de Gérard de Roussilon : après 22 ans d’exil dans la forêt d’Ardenne, Gérard se fait reconnaître par la reine Elissent à laquelle il avait été fiancé et dont il aurait épousé la sœur qui l’avait accompagné dans son exil. Thèse assez peu crédible à cause de la croix ostensiblement portée sur la poitrine du "revenant" alors que ceux qui partaient pour la Terre sainte la portaient sur le bras …
Evénement familial ou héros de roman, qu’importe …En fait, la représentation d'un couple ainsi enlacé est exceptionnelle dans la statuaire de cette époque.
Pour ma part, ce groupe évoque le retour de captivité de mon père en 1942, et c’est en l’honneur de mes parents que j’avais acquis cette statuette, toujours chère à mon cœur.
Et je vais illico me replonger dans ce magnifique album longtemps oublié dans mes rayonnages ...