Nouveaux concepts : j'en apprends tous les jours
Je n’ai raté aucune campagne électorale depuis les référendums du Général de Gaulle …
Je me suis absolument passionnée pendant mes trois années d’enseignement à Sciences Pô entre 1964 et 1967. L’histoire des idées politiques est un éternel recommencement. Et j’avoue que je me régale en ce moment. Surtout de constater à tel point les travers de notre société perdurent à travers les siècles.
Ainsi donc, les concepts « droite » et « gauche » datent de la façon dont les élus se sont assis dans la salle des séances par rapport à la tribune de l’Assemblée nationale d’août-septembre 1789 : les partisans du veto royal se placèrent à droite du président de l’assemblée constituante, les opposants à ce veto se placèrent à gauche …
Cependant, selon le philosophe Marchel Gauchet (né en 1946 comme moi), le vrai clivage date de la Restauration : à droite les ultra-royalistes, à gauche les héritiers de la Révolution, défenseurs des libertés individuelles partisans d’une monarchie constitutionnelle équilibrée …
Ce modèle, confronté aujourd’hui aux réseaux sociaux, à l’individualisme exacerbé, à la mondialisation des idées et des échanges et à la crise climatique, ne fonctionne plus. Apparemment, le corps électoral semble avoir aujourd'hui totalement basculé à droite. Le catholicisme et le communisme ont pratiquement disparu, tout comme les « corps intermédiaires » …
Tous ces repères traditionnels ont éclaté façon « puzzle ». Trop facile d’en accuser l’actuel président de la République : le général de Gaulle avait déjà profondément ébranlé le système incarné par l’immobilisme des partis durant les Troisième et Quatrième République.
Je continue donc à me passionner pour les joutes politiques.
Et je constate encore une fois l’émiettement des mouvements aspirant à accéder au pouvoir et à « sauver » la France.
Je suis effarée de voir comment certaines personnalités se jugent aptes mieux que tout autre à gouverner un tel pays de divisions et de querelles, mais incapables de nouer des alliances, de négocier des coalitions durables, d'accepter des compromis. Quelle prétention ! Quel manque absolu de connaissance de soi et de ses propres limites !
Et puis, encore plus passionnant, je note l’émergence de nouveaux concepts. Après le wokisme et la cancel culture déjà évoqués ici, je note deux irruptions conceptuelles dans le débat public : état non-binaire et créolisation.
Le premier découle de la prise en compte de certaines situations qui, jusqu’ici n’étaient ni connues ni évoquées. Totalement niées en fait. Il s’agit de personnes qui ne s’inscrivent pas dans la norme binaire et ne se sentent ni strictement homme, ni strictement femme, mais entre les deux, ou un mélange des deux, ou encore aucun des deux. Franchement, cela doit être très cruel …
La créolisation est un processus créant un mélange culturel à partir de plusieurs cultures en contact, énoncé par Edouard Glissant (1928 - 2011), disciple d’Aimé Césaire.
Certains l'appellent de leurs voeux, d'autres la vouent aux gémonies. C’est pourtant un fait que Jérôme Fourquet évoque dans son dernier ouvrage en souolignant la grande appétence des Français pour le couscous, les hamburgers, les tacos et la pizza.
Pourquoi pas ? Notre histoire est jalonnée d’apports culturels multiples depuis la transgression du limes gallo-romain par les « barbares » jusqu’à l’adoption du rap par les poètes français contemporains (MC Solaar, Grand Gorps Malade …). Adoption ne signifie pas renoncement mais élargissement de l’horizon.
Rester scotché sur les manières de vivre anciennes n’a jamais contribué à l’expansion d’une civilisation. Nous valons mieux que ça. Mais la fête ne fait que commencer … Quand j’écoute les promesses des uns et des autres, face aux réalités sociologiques, économiques, constitutionnelles et à nos obligations internationales … Je me marre !