Docile, polar d'Aro Sàinz de la Maza
Effet-miroir, mise en abîme, abîme de noirceur, hallucinations, ados pervers manipulateurs …
Cinq journées non-stop dans la vie déstructurée de l’inspecteur (Ca)Milo Malart, insomniaque instinctif, as des interrogatoires subtils, à l’enfance fracassée, et qui vient de se faire blâmer pour avoir approché de trop près une affaire criminelle impliquant des personnes haut placées …
J’ai eu beaucoup de plaisir à retrouver l’équipe policière barcelonaise qui doit résoudre une énigme à plusieurs inconnues : le meurtre collectif d’une famille auquel ont échappé un bébé de deux ans et un jeune homme totalement perdu. Une scène de crime qui en reproduit une autre, à quinze années d'intervalle, aux détails près.
Mais le rescapé de l’époque avait trois ans alors, et c’est justement ce jeune homme qui se rend, complètement défoncé, au commissariat, couvert du sang de plusieurs des victimes de la tuerie et totalement amnésique.
Barcelone vit dans l'angoisse des attentats islamistes, sous une tempête qui ploie les gens en deux pour avancer, fractionnée par les manifestations des indépendantistes et des unionistes. La circulation y est particulièrement difficile. Je retrouve cependant le cadre d’une ville que j’adore : la Diagonal, la colline de Montjuïc où se situe la maison du crime tout près du musée Miro, le délicieux quartier de la Barcelonetta, la place de Catalogne … Que de souvenirs !
L’énigme est particulièrement embrouillée, d’autant plus qu’elle implique des personnalités verrouillées, à la limite de la schizophrénie : le jeune Lucas/Isma et, face à lui, l’inspecteur Milo lui-même. Qui manipule qui ? C’est la clé de l’affaire.
Milo fait toujours équipe avec Rebeca Mercader, sa sous-inspectrice et ancienne amante qui a déjà résolu avec lui l’affaire du bourreau de Gaudi. La construction du roman et le style très cinématographique sont particulièrement efficaces. Ce nouvel épisode est le troisième de la série … je brûle de lire le numéro deux que je viens de commander.
Docile – Docil – polar d’Aro Sàinz de la Maza, traduit de l’espagnol par Serge Mestre, publié chez Actes Sud, 475 p., 23€