Soutine / de Kooning, la peinture incarnée au musée de l'Orangerie
Pour ma part, j’ai toujours aimé les toiles de Chaïm Soutine (1893 – 1943) malgré leur côté violent et volontiers provocateur, ce peintre « maudit » de la bohème de Montparnasse (avant qu'il ne devienne un dandy après sa promotion par un riche collectionneur américain).
En revanche, je n’avais jusqu'ici aucune connaissance de l'oeuvre de Willem de Kooning (1904 – 1997), peintre américain d’origine hollandaise.
Ma première surprise est de constater leur faible différence d’âge …
Mais la mise en miroir de leurs œuvres prouve la forte influence de l’aîné sur le plus jeune.
A vrai dire, j’ai découvert ainsi le peintre américain, mais je reste beaucoup moins fan.
Mon vif intérêt pour les peintres de l’école de Paris entre les deux guerres date de notre installation voici plus de 40 ans dans ce quartier général des artistes, à la Rotonde, la Coupole, le Dôme et le Sélect …
Une découverte notamment grâce au livre de Jean-Paul Crespelle « Montparnasse vivant » (Hachette, 1962) que je feuillette régulièrement :
« L’arrière-salle de la Rotonde constituait un royaume à part. Au bar, ouvriers en cotte bleue, cochers, bohèmes, maquereaux et fonctionnaires en jaquettes et guêtres se côtoyaient, tandis que l’arrière-salle était réservé aux seuls élus. Tout ce que l’art moderne compte de noms célèbres passa là des heures à discuter dans une atmosphère étouffante : Diego Rivera, Derain, Vlaminck, Modigliani, Soutine et Krémègne son ombre, Pascin, Othon Friesz, Apollinaire, Max Jacob et André Salmon. »
Soutine est né en Lituanie, dans le « ghetto » de la Russie tsariste. Il arrive à Paris en 1912, apprend le français, dévore Balzac, Baudelaire, Rimbaud, Montaigne … suit l’enseignement des Beaux-arts.
Il est « découvert » par le collectionneur américain Albert Barnes en 1922. Sa cote explose en 1926.
Resté en France, il y meurt, traqué, d’un ulcère à l’estomac mal soigné devenu cancer en août 1943.
Les experts considèrent que Soutine a inspiré l’expressionnisme abstrait américain et tout particulièrement Willem de Kooning, mais aussi Jackson Pollock et Francis Bacon.
Entre figuration et abstraction, Willem de Kooning a commencé sa série des "Woman" en 1950.
Emigré aux Etats-Unis en 1926, a vu les toiles de Soutine dès 1930 et la rétrospective qui lui a été consacrée à New York par le MoMa en 1950.
il déclarait "J'ai toujours été fou de Soutine, de toutes ses peintures."
Soutine/de Kooning, la peinture incarnée, exposition au musée de l'Orangerie, place de la Concorde, jusqu'au 10 janvier. Fermé le mardi, Réservation d'un créneau horaire obligatoire.
Visite avec le même billet que l'exposition permanente du musée et la grande fresque de David Hockney.
Commissaires : Claire Bernardi et Simonetta Fraquelli.