Rien ne sera plus comme avant ? Je rêve ...
Aura-t-il fallu cette catastrophe pour que nos concitoyens et notre administration si pointilleuse se mettent à modifier des habitudes ancrées depuis tellement de temps que l’on a oublié la raison qui les a fait jadis adopter ?
Je viens d’apprendre que désormais, un décret autorise le fait d’apporter un repas sur son lieu de travail … Va-t-on en profiter pour revoir aussi l’article du Code du travail qui interdit l’introduction sauf circonstances exceptionnelles autorisées par la Direction de boissons alcoolisées à l’intérieur de l’entreprise (à l’exception de la bière, du vin, du cidre et du poiré comme le stipule l’article R. 4228 – 20) ?
Combien de scories des temps anciens encombrent-elles encore notre abondante réglementation ? Va-t-on enfin supprimer certaines normes – comme le pointage pour faire respecter les sacro-saintes 35 heures qui nous ont coûté si cher, en particulier à l’hôpital ? Depuis quand mesure-t-on la productivité d’un collaborateur au temps de présence dans l’entreprise et non à la qualité du service rendu ?
Cette maladie qui est en passe de nous coûter bientôt 100000 victimes aura des conséquences économiques à très long terme – le remboursement de la dette publique additionnelle indispensable au soutien de l’activité – doit impérativement nous permettre d’alléger certaines contraintes complètement dépassées.
Je ne suis certes pas favorable à un libéralisme débridé, mais il faut se mettre à la place de n’importe quel employeur de bonne volonté.
Pour avoir pendant vingt ans exercé la mission de directrice des ressources humaines, je peux en témoigner … Impossible de s’en tirer sans une solide expertise juridique, ce qui coûte très cher (les équipes dédiées à la gestion du personnel, entre autres). Bien entendu, toutes ces dispositions ont été prises avec les meilleures intentions du monde, mais sans jamais « nettoyer » quelque réglementation antérieure que ce soit (ou si peu, si timidement ...). De quoi désespérer quiconque a des idées de création d’entreprise et l’inciter à aller s’installer à l’étranger. C’est pourquoi, entre autres, nous n’avons pas été capables de produire un vaccin en France.
Le virus va-t-il laisser malgré tout des séquelles moins catastrophiques ? De meilleurs habitudes d’hygiène dans l’espace public pour réduire les maladies virales habituelles comme la gastro-entérite, la grippe saisonnière, les rhumes qui virent à la crise d’asthme, peut-être ?
Un développement durable du télétravail et une réduction des trajets polluants, des places dans les maisons de retraite, une économie sur le versement des retraites des personnes décédées, des appartements libérés dans le parc HLM comme après la canicule de 2003, un accroissement temporaire du recouvrement des droits de succession dans le budget de l’Etat (je sais, là, j'exagère ...), mais il faudrait surtout des actions de formation à long terme pour les jeunes en décrochage scolaire, un assouplissement des règles sociales en entreprise, des mesures sociales concrètes envers les jeunes en recherche d’emploi ou de stages, allant jusqu’à des actions de « discrimination positive », une amélioration massive de la rémunération des personnels soignants et de l’autonomie administrative de leurs responsables, l’alignement des salaires des médecins d’origine étrangère sur celui des « nationaux » à diplôme et expérience équivalents, l’encouragement des épargnants à investir dans des formules de règlement par anticipation des droits de succession pour en faire bénéficier leurs ayants-droits ?
Je me rends compte que je me situe largement dans le champ iconoclaste, et pourtant ces dispositions ne coûtent pas grand chose par rapport à l'investissement correspondant. Mais je ne vois nulle part un tel programme politique … Je dis ça, mais je ne dis rien …
Etrange : je relis le post que j'écrivais exactement il y a un an sous le titre Epidémie, économie, paranoïa ...