Un homme de Cour qui finit tragiquement : Axel de Fersen
Au détour du passionnant ouvrage sur les guerres napoléoniennes que je suis en train de dévorer – précisément à la page 473 sur 1185 – je découvre la complexité de la question nordique entre les années 1807 et 1811. J’avais déjà tenté de trouver une bonne histoire des pays scandinaves, sans succès … et voilà que surgit une figure bien connue de tous les français : le comte Axel de Fersen (1755 – 1810).
Nous savons qu’il était beau, qu’il a rencontré la jeune dauphine lors d’un bal à l’opéra où elle s’était rendue incognito en 1774 – ils ont alors tous les deux 19 ans – qu’il a vaillamment combattu les Anglais lors de la guerre d’indépendance américaine sous les ordres de Rochambeau entre 1780 et 1783, puis est revenu à la Cour de Versailles où il est établi qu’il a une liaison avec la reine Marie-Antoinette.
A travers les nombreuses correspondances échangées, même cryptées, les historiens nous ont appris que leur amour était réciproque et loin d’être platonique. Marie-Antoinette lui écrit en 1791 : « J’existe mon bien aimé et c’est pour vous adorer. (…) Adieu le plus aimé des hommes. » On soupçonne même Fersen d’être le père du petit Louis XVII … C’est lui qui organise la calamiteuse fuite à Varennes, mais le roi refuse qu’il les accompagne dans la berline. Il se reprochera indéfiniment de n’avoir pas désobéi.
En 1792, il rentre en Suède où il est l’un des proches du roi Gustave III qui règne en despote. Après l’assassinat de ce dernier, son frère est nommé régent pendant la minorité de son neveu Gustave IV, puis le régent sera appelé à nouveau à régner sous le nom de Charles XIII en 1809. Proche du roi, Fersen retrouve son rang et ses prérogatives. En 1809, Gustave IV Adolphe est chassé de son trône à son tour par un coup d’Etat. Un jeune prince danois de 21 ans, Christian Auguste, adopté par Charles XIII, est élu prince héritier. Malheureusement, il meurt soudainement cinq mois après son arrivée à Stockholm, alors qu’il assistait à une revue militaire. La rumeur court qu’il a succombé à un complot.
Le 20 juin, pendant ses funérailles, la foule s’en prend à ceux qu’elle soupçonne de conspiration et lapide sur place Axel de Fersen, maréchal du royaume de Suède.
Ainsi périt l’homme qui était éperdument amoureux de la reine de France … ce qui ne régla pas pour autant la crise de succession du trône qui aboutira, en novembre 1810 à l’élection de Bernadotte comme prince héritier de la couronne de Suède, avec l’assentiment de Napoléon, alors maître incontesté de l’Europe continentale.