La mort muette, polar historique de Volker Kutscher
Ce deuxième épisode des aventures du commissaire Gereon Rath se déroule entre le 28 février et le 13 mars 1930.
Berlin enterre le jeune héros des SA Horst Wessel dont le poème va devenir l’hymne nazi, l’ambiance au Château Fort, le siège de la police prussienne sur Alexander Platz, toujours aussi lourde entre Rath et son supérieur, le commissaire principal Böhm. Mais le Divisionnaire Gennat l’a à la bonne. Il faut dire que Rath ne laisse pas passer une occasion d’enquêter hors limite. Mais son instinct le trompe rarement.
L’enquête qui lui est confiée porte sur la chute d’un projecteur de cinéma causant la mort de la jeune vedette, en plein tournage d’un film parlant, la grande innovation technologique du siècle. Il s’agit d’un sabotage. Qui avait intérêt à retarder la sortie de cette comédie romantique ? Est-ce un énième épisode de la rivalité farouche que se livrent à coup d’avocats deux producteurs ?
Car Berlin est alors le lieu où il faut tourner : Babelsberg, UFA, Klangfilms, Tobis … Il est question d’un bouleversement artistique majeur qui implique de lourds investissements aussi bien pour les réalisateurs que pour les exploitants de salles et les comédiens (on est loin du film « Chantons sous la pluie » de Stanley Donen), d’affaires de brevets et de licences … alors que dans quelques mois, une grande partie de ces artistes émigreront aux Etats-Unis – mais ça, c’est une autre histoire.
Gereon Rath ne se console pas d’avoir perdu l’amour de Charly, la belle étudiante en droit qui venait faire des extras de sténographie à la Criminelle. Il ne veut pas croire à la version facile d’un éclairagiste criminel. D’autant que de nouvelles victimes sont découvertes : jeunes actrices maquillées et habillées comme pour un tournage, apparemment mortes de mort naturelle mais dont on a retiré les cordes vocales. Cependant, pour le pas affoler la population, la police refuse de parler d’un tueur en série.
Cette enquête où l'on patauge entre culs-de-sac et fausses pistes - va encore coûter cher à Gereon Rath … Comme c’est la loi du genre, il s’en tirera de justesse … mais se fera rattraper par la patrouille et ne coupera pas à une sanction disciplinaire pour avoir joué une fois encore en solo.
La mort muette (Der stumme Tod), roman policier de Volker Kutscher (2007) traduit par Magali Girault, aux éditions du Seuil Policier, 667 p., 22€