The Crown, série historique sur Netflix
Finalement, Mathieu Kassovitz a sans doute raison, même s’il le déclare « sans filtre ».
Le cinéma tel que nous l’avons jusqu’ici connu, avec ses salles obscures, ses fauteuils escamotables, ces grandes photographies en noir et blanc signées Studio Harcourt …c’est fini. Peut-être restera-t-il quelques mega-complexes pour des block-busters à effets spéciaux époustouflants tels ceux de Marvel, ou des salles avec confort optimal comme nous en avons expérimenté à Singapour. Mais le format conventionnel de 90 minutes - le plus souvent dépassé - plus des pages de pub, la queue, le placement obligé et aujourd’hui les mesures de distanciation sociale … C’est devenu ringard.
Les séries télévisées, celles que l’on peut s’offrir dans son canapé jusqu’à des heures matinales, hélas sur abonnement mais diffusées en même temps dans le monde entier : voilà l’avenir lorsque la qualité artistique est au rendez-vous.
Jusqu’ici, au cours des dix dernières années, j’avais été enthousiasmée par peu de productions, d’autant plus que je ne suis pas abonnée à Canal. J’ai beaucoup apprécié les Soprano’s, The West Wing, Mad Men et Six Feet Under, alors éditées en CD.
Avec « The Crown », on a franchi un nouveau palier dans la qualité. Je n’ai commencé à visionner ce biopic alors que les critiques fusaient sur la quatrième saison, diffusée depuis le mois de novembre. C’est effectivement du grand art télévisuel …
Les décors, les costumes, le casting, tout est particulièrement bien rendu. Même le générique, composé par Martin Phipps, m’enchante. C’est pourtant une période et des images que nous avons vues « en vrai », des souvenirs pour certains encore très vivaces : le premier événement télévisuel dont je me souvienne en effet est la retransmission en direct du couronnement d’Elizabeth II, le 2 juin 1953. Donc, j’avais donc 6 ans et demi !
Le rythme, la précision de dialogues, la lumière (clairs-obscurs et contre-jours), les paysages noyés de pluie … on s’y croit immédiatement.
La reine est incarnée par des actrices superbes : jeune, c’est Claire Foy, ensuite c’est Olivia Coleman - elle a déjà incarné une reine du XVIIème siècle … Pour ma part, j’ai apprécié retrouver Charles Dance (Louis Mountbatten) et Ben Daniels (Tony Armstrong Jones). Je suis plus réservée sur Helena Bonham Carter. Bien entendu, les scénaristes ont forci le trait sur le caractère complexe de Philip d’Edinbourg, la gaucherie de Charles … La ressemblance des attitides avec Diana est particulièrement soignée.
Que cette série ne plaise pas à la famille royale d’Angleterre ne me surprend pas. Mais c’est la licence poétique. Cependant, s’agissant de personnes encore vivantes, c’est hardi … Alexandre Dumas et ses Trois mousquetaires ne risquait pas un procès de la part de Richelieu, lui ! Il doit se trouver à la production une armée de juristes pour éviter tout crime de lèse-majesté. C’est aussi cela, la liberté démocratique.
Bref, nous en sommes presque à la fin de la quatrième saison, et il en restera une à attendre … Quel suspens !
The Crown, série télévisée américano-britannique créée par Peter Morgan d’après sa pièce « The Audience » (2013), diffusée sur la plateforme NETFLIX depuis 2016. Prévue en 50 épisodes et 5 saisons.