Apocalypse en haut pays niçois
J’ai été particulièrement émue, hier, devant les images cataclysmiques des inondations qui viennent de frapper les villages des crêtes surplombant les Alpes-Maritimes.
Détresse, découragement, épouvante … Les populations sont terriblement éprouvées par cette soudaine tempête, si tôt dans la saison. Saint-Martin Vésubie, Saint Laurent du Var, Saint Jean de la Rivière, Saint Etienne de Tinée, La vallée de la Roya … Autant de noms de lieux qui me parlent.
Mon père nous avait emmenés très tôt visiter ces villages perchés, dotés de merveilleuses églises baroques, accrochés à la roche, pourtant friable où il avait crapahuté pendant son service militaire à Sospel. Ma mère avait un souvenir très précis de la catastrophe de Roquebillière, en novembre 1926, où tout le haut de la montagne avait glissé sur la pente à 45° et enseveli la plus grande partie du village. Un village jadis reconstruit et sinistré à nouveau lors de la tempête Alex ... Ces épisodes climatiques ne sont donc pas des nouveautés, mais il semblent plus fréquents.
Aujourd’hui, ces habitants sinistrés sont coupés de tout : plus d’électricité, plus d’eau potable, plus de téléphone, seuls les hélicoptères peuvent les rejoindre pour les secourir. Personne n’a été prévenu à temps de l’ampleur de la catastrophe et les dégâts sont terrifiants. C’est la première fois que j’ai vu le député local, Eric Ciotti sortir de son registre habituel de critique récurrente et montrer une émotion humaine.
Car ces localités ont une histoire singulière. Je ne parle pas du processus de rattachement de la Savoie et de Nice à la suite du traité de Turin de mars 1860 – en remerciement de la participation de la France à la lutte pour l’indépendance du royaume de Piémont-Sardaigne contre l’Autriche – puis du plébiscite ratifié à 85% par les habitants (ici en brun sur la carte).
J’évoque le cas plus spécifique de cette bande de territoire - ici en jaune- essentiellement montagneuse qui a été rattachée à la France seulement en 1947 : 413 km² et 7000 habitants dans la haute vallée de la Tinée, de la Vésubie et de la Roya, sur 51km d’Isola à Tende et la Brigue avec Saint Sauveur sur Tinée, Rimplas, Valdeblore, Saint Martin Vésubie, Belvédère, Fontan, Saorge, Breil sur Roya.
En été, cette contrée est d’une beauté flamboyante, âpre, sauvage. Je suis très triste pour tous ceux qui souffrent et qui déplorent des victimes - 18 disparus ce matin, dont deux sauveteurs). En particulier les personnes âgées si attachées à ces maisons qui s’effondrent …
Courage à eux et à leurs sauveteurs !