Mon père, ce héros ....
Dimanche, le Président de la République inaugurait l'année De Gaulle en rendant hommage aux morts de Moncornet. Mon père a été capturé le 15 juin, après avoir âprement combattu. Evidemment, il n'avait pas entendu l'Appel du 18 juin mais demeura toute sa vie un fervent gaulliste car c'est l'espérance d'une victoire finale qui l'a encouragé à tout faire pour s'évader des camps qui le retinrent prisonnier jusqu'en février 42.
Le rappel des combats de mai-juin 1940, pendant lesquels l'armée française, mal équipée, mal commandée, privée de logistique a perdu plus de 75000 morts, fut donc, selon moi, bienvenu.
Cette armée engourdie par les mois de "drôle de guerre", soudainement submergée par la marée allemande, a combattu vaillamment, elle a plié mais n'a pas fui. Des actes de bravoure ont été passés sous silence, dans l'opprobre de la défaite. Mais ce ne fut pas le cas de tout le monde ... Ainsi mon vénéré père Jean MENS !
Etat de proposition de citation à l’ordre de Corps d’Armée
établie en faveur du Sergent-chef MENS Jean, du 1° Régiment de Zouaves, 10ème Compagnie.
Libellé : Sous-Officier d’élite, admirable de courage, d’abnégation et d’énergie. S’est distingué durant les violents combats livrés en Sarre le 12 mai 1940 et jours suivants, puis en Champagne, à Villedomange, le 11 juin 1940 où, prenant le commandement de sa section dont le chef a été blessé, lutte farouchement contre un ennemi qui le déborde de toutes parts, ne cesse de défendre le terrain pied à pied et combat jusqu’à épuisement total de ses moyens.
Circonstances : Le 12 mai 1940, lors de puissantes attaques allemandes sur le front de la Sarre, la compagnie dont fait partie le Sergent-Chef Mens tient un point d’appui avancé dans le bois du Litter (sous-secteur de Cadenbronn). Dès le 12 mai au matin, cette unité est violemment bombardée puis attaquée : les Chefs comme la troupe font vaillamment leur devoir et l’ennemi ne peut entamer la position. En la circonstance, le Sergent-Chef Mens montre un courage et une énergie admirables.
Le 11 juin 1940, en Champagne, à Villedomange, la 10ème Compagnie est violemment prise à partie par un ennemi supérieur en nombre et en armement, et, au cours des durs combats qui se déroulent toute la journée, le Sergent-Chef qui a pris le commandement de sa section dont le Chef a été grièvement blessé, continue à lutter farouchement, donnant un nouvel exemple d’énergie, de volonté et de courage.
Les jours suivants, ce Sous-Officier continue de combattre avec la même abnégation, ne reculant que par ordre, ne cédant le terrain que pied à pied, pour enfin, ayant épuisé tous les moyens de combat, est fait prisonnier le 15 juin 1940 aux alentours de Méry-sur-Seine.
Après 18 mois de captivité et deux tentatives infructueuses pour s’échapper, il réussit à s’évader de Brème, le 3 février 1942.
Témoignages et avis : Colonel Fromentin, Chef de Bataillon Daurensan, Lieutenant Chauvin.
Aussi ai-je apprécié, ce dimanche, le discours sur les combattants de la guerre de 40, injustement villipendés.
Les mémoires de guerre de mon père sont à lire ici ... Et aussi le roman d'Armand Lanoux : Le commandant Watrin, et naturellement L'étrange défaîte de Marc Bloch.