Les contes étranges de Niels Hansen Jacobsen au musée Bourdelle
De 1892 à 1902, le Danois Niels Hansen Jacobsen (1861-1941) s’est établi à Paris ; son atelier à la Cité Fleurie, 65 boulevard Arago, est le rendez-vous d’un groupe de symbolistes scandinaves et francophiles comme le peintre Jens Lund (1871-1924) ou la graveuse Henriette Hahn (1862-1934). Hansen Jacobsen a aussi pour voisins d’atelier le sculpteur et céramiste Jean Carriès, le collectionneur Paul Jeanneney, l’illustrateur Eugène Grasset.
Pour les amateurs de l’Art Nouveau et des symbolistes comme moi, c’est une découverte multiple. Une plongée dans un univers étrange, onirique, peuplé des personnages les plus tristes des contes d’Andersen, dans le sillage de Gustave Moreau et Paul Gauguin, du côté sombre de la force créatrice.
Les sculptures en bronze de Jacobsen comme « La mort et la mère », « L’ombre » ou « Le troll flairant la chair de chrétiens » sont effrayantes dans leur mouvement comme leurs grimaces. Même sa « Petite sirène », en marbre, a un air inquiétant avec son poisson mort sur les « genoux » …
Niels Hansen Jacobsen s’est pourtant formé dans la tradition de l’atelier de Thorwaldsen que j’avais beaucoup admiré lors de notre voyage au Danemark.
Mais il s’est rapidement éloigné des canons de la statuaire antique en vogue au début du XIXème siècle. Au cours de ses voyages et de son séjour à Paris, il exprime une inquiétante étrangeté pétrie des mythes scandinaves.
Ce côté torturé des artistes de son groupe d’amis ne peut empêcher d’y déceler l’influence exercée sur les personnages effrayants de Walt Disney … la méchante reine et sorcière, les branches de la forêt déchiquetant Blanche-Neige …
Toute la sauvagerie de la forêt psychique est incarnée dans ce troll avec ses cornes, ses serres à trois doigts, monstre primitif cannibale, angoisse d’être dévoré …
On admirera aussi les céramiques flammées, à l’image des grès japonais découverts à l’exposition universelle.
Une autre découverte, parmi les amis de l’artiste danois : le peintre et céramiste Jean Carriès (1855 – 1894) dont je ne connaissais pas l’œuvre et qui influença Jacobsen. A creuser …
Les Contes étranges de Niels Hansen Jacobsen, un Danois à Paris (1892 – 1902), exposition au musée Bourdelle jusqu’au 31 mai, 18 rue Antoine Bourdelle 75014 Paris, fermé le lundi – 9€