Marche et démarche, au musée des Arts Décoratifs
Lorsque j’étais plus jeune, j’étais fan de chaussures. A présent, je ne marche plus qu'en mocassins moelleux !
Je dessinais des souliers sur les marges de mes cahiers, plus tard, je les collectionnais jusqu’à en posséder plus de 50 paires … une passion onéreuse, mais un plaisir fou à se sentir « bien dans ses pompes » en toutes circonstances. Je ne pouvais donc pas manquer cette exposition organisée par le musée des Arts Décoratifs, dans la lignée des manifestations précédentes « La mécanique des dessous » puis « Tenue correcte exigée ».
Un vrai succès : beaucoup de femmes – mais pas que – et de nombreux jeunes aussi. La chaussure, c’est le pied !
Autant objet indispensable qu’instrument de torture (les pieds bandés des Chinoises de jadis) ou fantasme érotique … de la petite bottine d’enfant à la ballerine ultime à talon vertigineux imaginée par Christian Louboutin et David Lynch. Tout est là : souliers vernis, sabots, pantoufles, espadrilles, escarpins à boucles gigantesques du XVIIème siècle, chaussons de danse à pointe renforcée, richelieus, tongs, cothurnes de théâtre, galoches, chaussures à semelle de bois de l’époque de l’occupation, chaussures de clowns au bout démesuré, bottes lacées, baskets contemporaines, escarpins avec des milliers d’épines à l’intérieur …
Des chaussures pour marcher – ou pas.
Le soulier de Marie-Antoinette mesure 21 cm sur 5. Elle ne devait pas pouvoir aller loin. Plus surprenant encore, les souliers de Lamartine : ils correspondent à une taille 40 d’aujourd’hui, mais avec une largeur de 5 à 6 cm seulement. Juliette Récamier chaussait du 34.
Pas question d’arpenter la ville de l’époque, ses rues glissantes et malodorantes. En fait, la mobilité était réservée aux classes laborieuses … qui le plus souvent allaient pieds nus !
Des découvertes pour moi : celle de François Pinet (1817 – 1897), Tourangeau la Rose d’Amour, reçu par l’empereur Napoléon III et Eugénie, qui inventa un nouveau modèle de talon plus solide et facile à fabriquer, ou encore Alexis Godillot (1816 – 1893), fournisseur des armées en selles, tentes et brodequins militaires avec pour innovation la différenciation entre pied droit et pied gauche ….
Un souvenir qui m’assaille soudain dans la dernière salle où l’on peut essayer de marcher avec des modèles particulièrement sophistiqués : une grosse machine en bois dans laquelle, jusque vers la fin des années 50, on pouvait radiographier ses pieds pour voir comment ils se tenaient à l’intérieur de la chaussure. Bonjour la dose de rayon X !
Bref, une exposition foisonnante, pas tellement bien expliquée toutefois … à parcourir d’un bon pied et en faisant des pieds et des mains pour s’approcher des vitrines. Et toujours et encore, pour ma part : En Marche !
Marche et démarche, une histoire de la chaussure au Musée des Arts Décoratifs – 107 rue de Rivoli Paris 1er – ouvert tous les jours sauf le lundi à partir de 11 h.– 11€