Moderne Maharajah, un mécène des années 30 au MAD
Un écrin (et un éclair !) d’art moderne rendu possible par les moyens sans limites d’un prince des Indes et dandy, une histoire d’amour brutalement interrompue, un oriental parfaitement éduqué dans les meilleurs collèges britanniques – même si son cœur le porte plutôt vers la France – doté d’un talent fou pour s’attirer les meilleurs designers de son époque, en total décalage avec le style de son pays …
Yeshwant Rao Holkar Bahadur (1907 – 1961) est couronné maharajah en 1930 de la principauté marathe d’Indore (aujourd’hui située dans le Madhya-Pradesh).
Il forme un couple glamourissime avec la sublime Sanyogita Bai Devi (1914 – 1937), avec laquelle il se fait photographier par Man Ray et portraiturer en habit de soirée occidental et en tenue traditionnelle, ainsi que son épouse par le portraitiste mondain Bernard Boutet de Monvel.
Visionnaire fou du Bauhaus et des arts décoratifs, il fait bâtir par le jeune architecte allemand Eckart Muthesius, un palais moderne des mille et une nuits, entièrement meublé par les meilleurs artistes de ce temps : Ruhlmann, Louis Sognot et Charlotte Alix, Henri-Pierre Roché, Jacques Doucet, Da Silva Bruhns, Eileen Gray, Le Corbusier et Charlotte Perriand.
Il fait fabriquer des pièces uniques par Jean Puyforcat, un service d’orfèvrerie mêlant l’argent et l’ébonite, une matière synthétique nouvelle, commande des bijoux somptueux aux plus grands joailliers parisiens, en particulier pour mettre en valeur une extraordinaire paire de diamants en forme de poire …
L’exposition, riche de 500 pièces et noyée dans la pénombre, réunit une foule de photographies et d’objets du quotidien qui sont autant d’œuvres d’art d’une fantastique modernité.
Un palais extraordinaire qui sera délaissé après la mort prématurée de la jeune épouse, au retour du couronnement du roi George VI.
Le maharajah se remariera plusieurs fois, mais mourra jeune pour avoir sans doute trop fumé ...
Et moi, je crois que l'origine de ma passion pour cette période des arts décoratifs me vient de mes parents qui furent jeunes à cette époque puisqu'ils se marièrent en janvier 1932.
Moderne Maharajah, un mécène des années 1930, exposition au Musée des Arts décoratifs, 107 rue de Rivoli, jusqu’au 12 janvier – fermé le lundi – 11€