un déjeuner au musée Jacquemart-André
On parle souvent d’inégalités devenues de moins en moins supportables en France, et cela se comprend … Mais qu’en était-il au XIXème siècle, celui de l’explosion des grandes fortunes industrielles et financières, de la transformation de Paris par le baron Haussmann, et de la course à celui qui se ferait construire le plus bel hôtel particulier donnant sur ces nouvelles perspectives. Une époque de misère aussi et de vie particulièrement difficile de la classe ouvrière. Un éventail de revenus bien plus étendu que de nos jours.
En fait, à l’instar des Arnault et Pinault, ou les héritiers de Pablo Picasso, ces richissimes familles sont devenues mécènes et ont souvent légué leurs collections à une institution publique ou à l’Etat. C’est ce qui nous vaut aujourd’hui de pouvoir profiter de collections superbes, dans leur cadre cadre luxueux d'époque ou un édifice ultra-moderne, on ne va pas se plaindre.
Nélie Jacquemart (1841 – 1912) était peintre, élève de Léon Cogniet et Ernest Hébert. Portraitiste recherchée, elle épouse en 1881 Edouard André (1835 – 1894 - voir son portrait en uniforme, peint par Winterhalter juste à l’entrée du musée), issu d’une riche famille de banquiers protestants.
En 1868 il commande le grandiose hôtel particulier du boulevard Haussmann, réalisé entre 1869 et 1875.
Un écrin entièrement dédié aux fêtes et aux réceptions et à la mise en valeur de la collection du couple, Nélie s'intéressant plus particulièrement à la peinture italienne, des primitifs des XIVe et XVe siècles à la Renaissance correspondant tandis que Edouard acquient des œuvres du XVIIIème siècle.
Ainsi, chaque fois que nous retournons dans ce musée, je ne peux m’empêcher d’admirer les volumes de cette richissime demeure bourgeoise, avec ses salons de réception, la fantastique volée d’escalier à double révolution qui mène à la mezzanine surplombant le salon de musique, puis à la galerie italienne et à l’espace dédié aux expositions temporaires.
En ce moment, la somptueuse collection Alana, chefs d’œuvre de la peinture italienne dont je reparlerai plus tard.
Et si vous n’avez pas peur de faire la queue, à moins d’arriver à midi pile, vous pouvez aussi déjeuner au café Jacquemart-André logé dans la salle à manger de l’hôtel au rez-de-chaussée, en intérieur ou en terrasse chauffée.
Nous y avons dégusté un délicieux veau à la crème de truffes accompagné d’un verre de Prosecco dans le décor 1900 très authentique …
Des plantes vertes, des marbres de couleurs, une grande fresque de Tiepolo, le buste de Richelieu, le cabinet de travail des collectionneurs … Une atmosphère de rigueur dans la démesure, de sérieux dans la générosité …
L’immeuble et ses collections ont été légués par Nélie en 1912 à l’Institut de France.
Musée Jacquemart-André, 158 boulevard Haussmann Paris VIIIème. Ouvert tous les jours à partir de 10 h., plein tarif : 14,50€