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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 6 petits-enfants.
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4 avril 2019

Le siècle d'Assia, récit de Marguerite Bérard

 

Assia

Assia (diminutif de Manasseh) Bat Genstein, né en 1903 à Rovno (Ukraine) est mort à Paris le lendemain de la Noël 1999. C'est le grand-père de Marguerite, l'auteur de cette histoire de toute une famille à travers l'Europe en folie. Une histoire de résilience, un parcours semé de pogroms, d’exils, d’adaptations à de nouvelles langues, de nouvelles cultures, jusqu'à l'enracinement dans un pays choisi.

Pour Assia, force de la nature ayant toujours peur de manquer mais tellement séduisant, allant toujours de l’avant malgré les drames dus à l’antisémitisme et la guerre, les invasions, le régime totalitaire soviétique, « l’éducation était la seule chose qui comptait car la seule chose qu’on pouvait emporter avec soi s’il fallait partir rapidement ». Il en savait quelque chose ...

Ce récit familial m’a particulièrement émue. J’y ai découvert des foules de points communs avec ma propre saga familiale : cette jeune femme a décidé de publier le récit que son grand-père  avait écrit à l’âge de 80 ans, exactement comme j’ai retranscrit jadis le récit de mon père pour que son souvenir demeure.

D’autres points communs : malgré sept années de plus – mon père était de 1910 -  Assia s’est marié avec Sima en janvier 1932, quelques jours seulement après le mariage de mes parents. Ils ont eu deux filles avec une grande différence d’âge. La plus jeune, Marie-Hélène, est née en 1947, quelques mois après ma naissance … 

Et cette femme, mon mari l’a connue, a travaillé avec elle – ou plus exactement contre elle car c’est une nature forte. .. Je la comprends mieux aujourd’hui en lisant l’histoire de sa famille.

C’est aussi l’histoire d’une dynastie fondée sur le travail, un symbole de la méritocratie républicaine : Assia a réussi à intégrer le Gymnasium, pas évident pour le rejeton d’une famille juive, il a obtenu son diplôme de fin d’études, mais à 17 ans il décide de s’embarquer comme « haloutz », pionnier pour construire Tel-Aviv, puis il émigre en France dans les années 20 et devient patron d'un atelier artisanal de parage de peaux à façon, à Belleville. Il avait fui l’invasion polonaise en Ukraine pour retrouver l’occupation allemande en 1940, il s’engage dans une armée rapidement en déroute avec deux de ses frères. L’un d’eux, héros de guerre, n’en sera pas moins déporté et assassiné, comme ses parents et sa sœur restés en Ukraine…

Assia n’est pas particulièrement religieux et il conservera toute sa vie son fort accent russe. Il a adopté la France comme elle l’a adopté. C’est par l’éducation de ses enfants qu’il lui a rendu ce que la France lui a donné : par modestie, l’auteur ne parle pas de la réussite éclatante de sa mère, énarque, mariée à un énarque, ni la sienne, sortie major de l’ENA, elle aussi mariée à un énarque, aujourd’hui dirigeante au plus haut niveau d’une grande banque française.

Une histoire de famille, exemplaire … n’oublions jamais.

 

Le siècle d’Assia, récit de Marguerite Bérard, publié chez Flammarion, 199 p., 18€

Commentaires
J
Un livre qui m'apparaît intéressant à lire surtout en cette période où l'antisémitisme est de retour, en fin plus ouvertement de retour !
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B
Une histoire à rappeler sans cesse en effet, je me souviens avoir lu il y a quelque 30 ans le roman Adieu Volodia de Simone Signoret, qui se déroule dans le XXe arrondissement dans le milieu des arrivants polonais, russes, ukrainiens... ce livre est sans doute introuvable aujourd’hui.
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