Le Sphinx rouge, roman historique d'Alexandre Dumas (1865)
Fan des romans feuilletons, je suis aux anges.
Pas aussi génial que la trilogie des Mousquetaires ni aussi prenant que les aventures d’Edmond Dantès, mais du niveau de La Reine Margot …
Un "pavé" à offrir à Noël pour les dévoreurs de littérature du XIXème siècle comme moi !
L’intrigue se situe juste après le siège de La Rochelle. Mais avec un « casting » très différent. Ici, c’est bien entendu le Cardinal de Richelieu qui tient la vedette, même si le titre original du roman « Le Comte de Moret » fait référence à l’un des protagonistes qui y occupe pourtant une place assez modeste.
La guerre de Succession du duché de Mantoue ou Guerre de Savoie qui se déroule entre 1629 et 1631, sert de cadre à cette histoire haletante. Il est vrai qu'on ne nous a pas expliqué grand-chose sur la Guerre de Trente ans, ce conflit qui causa plus de destructions en Europe entre 1618 et 1648 que la Grande Guerre, en particulier en Europe centrale, et se termina par le traité de Westphalie.
Publié en feuilleton dans la revue « Les Nouvelles » en 1865, Le Sphinx rouge met en scène la cour de Louis XIII et son Premier Ministre d’une part, son épouse la reine Anne d’Autriche, sa mère Marie de Médicis, son frère cadet Gaston d’Orléans d’autre part. Deux camps qui se haïssent, s’épient et n’hésitent pas à trahir. Tout est bon pour faire tomber Richelieu, voire se débarrasser de Louis XIII lui-même comme on se débarrassa en 1610 de son père.
Les acteurs vont par deux : les bons et les méchants, les soldats dévoués et habiles et les intrigants, les informateurs de tous poils. Avec panache, et aussi beaucoup d’humour. Les chapitres s’enchaînent, les rebondissements se succèdent. Demeure la clairvoyance et la magnanimité du cardinal, le panache de personnages sympathiques comme le courageux Etienne Latil, de belles femmes perverses, des princes félons … Des scènes d’anthologie comme la délivrance d’une prisonnière d’un In Pace où elle a été enfermée pendant neuf ans, la relation de la victoire du Pas de Suze ou la prise de la forteresse de Pignerol.
Une époque particulièrement troublée après le chaos encore latent des guerres de religion en France, où l’on apprécie l’habilité stratégique du cardinal, nettement mieux traité ici que dans Les trois Mousquetaires, un portrait complexe de Louis XIII perclus de doutes et de contradictions mais présent au combat, une esquisse des relations internationales de ce temps, des personnages foisonnants – heureusement, l’ouvrage en donne aussi un dictionnaire - en particulier les innombrables princes du sang ou bâtards du Roi Henri IV.
La fin abrupte n’est cependant qu’une ouverture sur une éventuelle suite … qui ne sera jamais écrite. Mais je me suis retrouvée au milieu des décors et des costumes des films de cape et d’épée des années 60, et, malgré la nécessaire adaptation au style fleuri de l’auteur, j’ai adoré.
Le Sphinx rouge, roman d’Alexandre Dumas (1865), réédition par Le Cherche-midi, 713 p. (y compris la « préquelle » La Colombe, nouvelle épistolaire, 22€.