C'est la faute à Chalandon !
Et si tout ce bololo était la faute d'Albin Chalandon ?
Souvenons-nous : ce grand ministre de l’équipement et du logement de 1969 à 1972, né en 1920, qui avait initié une évolution majeure dans la politique du logement … pour en finir avec les grands ensembles collectifs et développer la propriété individuelle du logement rendue accessible – via des grands lotissements groupés – aux ménages à revenus modestes.
A cette fin, il avait lancé en 1969 un grand concours pour inciter les spécialistes de la construction de maisons individuelles – comme les Maisons Phénix ou le Groupe Maison Familiale – à adopter des techniques normalisées afin de faire baisser de moitié le prix de revient des maisons dont le financement était parallèlement rendu plus facile (avec le 1% logement par exemple) … quitte aussi à construire parfois sur des terrains non constructibles, et/ou très éloignés des réseaux publics. Parfois en zones inondables ... mais les maires ont toujours le souci d'accueillir de nouvelles familles pour maintenir leur école ....
Ainsi pouvait-on combiner l’aspiration viscérale de nombreuses familles d’accéder à la propriété qui confère un nouveau statut social pour le prix d’un loyer et avec l’assurance de se constituer un patrimoine à léguer à ses enfants et l’espoir secret des politiques d’avoir créé une couche de Français peu enclins à protester ou à faire grève car il y avait toujours les traites à honorer …
Résultats : le succès initial des « Chalandonnettes » a bénéficié à environ 85000 propriétaires pour environ 100000 Francs. Mais au prix d’une qualité architecturale très modeste et sur des terrains de plus en plus éloignés des transports publics. Une des composantes de ces maisons étant bien entendu le garage car la voiture est indispensable pour se rendre au travail.
Ces maisons ont aujourd’hui bientôt 50 ans. Ce sont le plus souvent des passoires thermiques car personne au moment de la construction ne pouvait imaginer l’envolée du prix de l’énergie – le premier choc pétrolier intervient en 1974 – et on parle de supprimer les chaudières à fioul d’ici peu. Leur valeur vénale n’est pas à la hauteur de ce que leurs propriétaires espéraient, même après avoir fini de payer le crédit hypothécaire.
Leurs propriétaires sont aujourd’hui à la retraite mais les charges d’entretien de ces logements sont de plus en plus élevées. Comme les trajets trop longs devenaient de plus en plus coûteux et fatigants, madame a arrêté de travailler et puis il fallait bien convoyer les enfants à l’école. Elle ne reçoit donc qu’une maigre pension … La réduction de 30% de la taxe d’habitation – parfois compensée négativement par une hausse soudaine initiée subrepticement par certaines municipalités – ne compense pas la hausse d’1,7% de la CSG … Certains petits malins ont même susurré que les pensions de réversion allaient être supprimées …
Alors voilà pourquoi, entre dépenses contraintes et abonnements auxquels on ne saurait plus se passer, le coût de la vie qui s’envole, les normes environnementales qui s’accumulent sans que personne ne nous informe de leur utilité, l’impérative obligation de réduire les déficits publics en l’attente d’une hausse probable des taux d’intérêts au niveau mondial qui mettra la dette de la France en très mauvaise posture, la révolte gronde.
Que réclament les protestataires ? Suspendre la hausse des taxes sur le diesel inscrite dans la loi de programmation votée sous Hollande ? … Pas certaine que cela apaise les esprits !