Renoir, père et fils au musée d'Orsay
L’un des films qui m’a le plus marquée dans ma jeunesse est « La Grande Illusion » de Jean Renoir … sorti en 1937 avec un casting éblouissant : Pierre Fresnay qui ressemblait tant à mon père, y joue le rôle du capitaine de Boiëldieu, confronté à l’ouvrier Maréchal – Jean Gabin – prisonniers d’une forteresse de montagne avec Marcel Dalio – un fils de banquier juif, Julien Carette, un acteur, sous la surveillance d’un officier allemand blessé au combat – Erich von Stroheim …
Un scénario impeccable, une lumière inoubliable. Un des plus grands films français de tous les temps.
Le musée d’Orsay dont le fonds recèle les plus belles toiles impressionnistes et en particulier celles de Pierre-Auguste Renoir, explore le dialogue fécond entre Renoir père (1841 – 1919) et son fils Jean (1894 – 1979), entre peinture et cinéma.
Tout se passe comme si c'est en interrogeant la peinture de Renoir et de ses contemporains et, plus généralement, le XIXe siècle finissant, que Jean forge sa personnalité artistique et établit son autonomie de cinéaste. Difficile popurtant d'être le fils d'un génie ...
L'exposition revient aussi sur le rôle de Jean dans la diffusion de l'œuvre de son père, ses relations avec le milieu artistique et sa pratique de céramiste (Pierre-Auguste a commencé comme peintre sur porcelaine) qu'il met en parallèle avec celle du cinéma, un art qui anime aussi Claude Renoir (1901 – 1969), le frère aîné, alors que le cinéaste fait tourner également son autre frère Pierre (1885 – 1952). Une famille d’artistes exceptionnels.
Les relations entre Pierre-Auguste et Jean sont jalonnées de portraits croisés, entre ce fils qui a posé pour son père sans jamais l'avoir filmé, mais qui prépare pendant près de vingt ans sa biographie, qui finance sa production cinématographique par la vente des tableaux hérités de son père.
A travers des peintures, des extraits de films, des photographies, des costumes, des affiches, des dessins, cette exposition explore le rôle du modèle féminin (Jean Renoir épouse la très belle Andrée Heuschling, modèle de son père en 1920), les paysages : la Seine, Montmartre, la Côte d’Azur.
Il n’a pas été difficile de regrouper les œuvres détenues par le musée d’Orsay comme ces grandes baigneuses, peintes la dernière année de sa vie, les portraits de Jean enfant ou en chasseur. L’intérêt de l’exposition est avant tout de mettre en parallèle l’activité créatrice de Jean (il tourne son premier long métrage en 1924 « La fille de l’eau » avec Andrée devenue Catherine Hessling, elle jouera aussi dans Nana) et les correspondances évidentes entre les deux artistes.
Jean puise son inspiration dans ses expériences personnelles et sa connaissance du milieu de la peinture, la guerre où il a été cruellement blessé. Son capitaine Louis Bossut serait le modèle du Boieldieu. Les canotiers des tableaux du père se retrouvent dans les films du fils « Nana », « French Cancan » "Le déjeuner sur l'herbe" "Partie de campagneé … Plus tard, sous l’influence de sa nouvelle compagne, il se rapprochera de la condition ouvrière "la vie est à nous", "La Bête humaine".
Une découverte : un quasi documentaire « Le Fleuve », tourné en Inde en 1951 …
Renoir père et fils, peinture et cinéma, exposition au Musée d’Orsay jusqu’au 27 janvier au deuxième étage, à partir de 9h 30, fermé le lundi.