Enfermé.e, thriller de Jacques Saussez
Hélas, je n’ai pas retrouvé le couple vedette Magne/Heslin dans ce dernier roman de Jacques Saussez qui traite, toujours sous forme de thriller, d’un tout autre sujet.
Cependant, on retrouve ici des thèmes récurrents chez l’auteur : la vengeance, la séquestration, l’enfance martyrisée, les maisons de retraite … souvent évoqués dans ses précédents ouvrages « De sinistre mémoire », « Colère noire » ou « Ne prononcez jamais leurs noms ».
Ici, il est question des immenses souffrances d’un être qui naît non souhaité, dans une famille qui se déchire et se sent, dès sa plus tendre enfance, complètement fille alors qu’il est doté d’un corps de garçon. Devant la réaction violente de son père, Virginie adolescente s'enfuit, et commence une descente aux enfers - drogue, prostitution ....
Comme Edmond Dantès, Virginie sera accusée d’un crime qu’elle n’a pas commis et passe la première partie de sa jeunesse en prison où sa transidentité génère d’abominables brimades, tant de la part des autres détenus que des matons, dans l'indifférence totale de tout le monde.
Rendue à la liberté au bout de douze ans terrifiants, grâce à l’aide d’un homme dont la fille était l'une de ses codétenues, elle va s’engager dans une maison de retraite d’où on ne sort que les pieds devant et, comme Monte Cristo, ourdir une terrible vengeance.
C’est terriblement cruel, réaliste, émouvant, cru, parfois difficile à supporter. Mais cela permet au lecteur de prendre conscience de la détresse de ces personnes nées entre deux genres, vouées à l’intolérance, à toutes les abominables violences qu’elles subissent de la part de leurs camarades d’école, leurs collègues de travail, l’administration … un phénomène qui, selon l’auteur, touche environ 134000 personnes en France.
Un roman âpre, violent, à ne pas mettre entre toutes les mains, noir, très noir …
Enfermé.e, thriller de Jacques Saussez publié chez French Pulp, 383 p., 18€.