40, rue de Sèvres, l'ancien hôpital Laënnec revisité
Comme elle avait été annoncée à grand coup de pleines pages dans la Presse à l'occasion des journées du patrimoine, la visite du siège du groupe Kering et de la maison Balenciaga me semblait exiger une longue queue de visiteurs ...
Pas du tout ! Nous nous y sommes pointés samedi vers 13h 30 et nous sommes entrés sans aucune attente.
Il faut dire que le chantier de la réhabilitation de cet immense parcelle en plein 7ème arrondissement avait duré plus de 10 ans et généré une foule de polémiques : imaginez qu'il était prévu d'y construire des logements sociaux, qui risquaient perturber la quiétude des riverains ...
Bref, de recours en recours, de difficulté technique - la sacristie de la chapelle se trouva malencontreusement démolie en cours de chantier - en retards de construction, nous avions l'impression que ce programme hyper-complexe ne sortirait jamais de terre. Et à vrai dire, je ne sais pas combien de logements sociaux ont été finalement réalisés sur le pourtour du terrain ...
Et voilà que renaît dans toute sa pureté originelle ce bâtiment de style Louis XIII édifié à l'origine pour permettre aux plus humbles de terminer leur existence. L'implantation de cet hôspice des incurables revêt la forme d'une double croix de Jérusalem. L'administration de l'Assistance publique l'a vendu en 1990 - avec deux autres hôpitaux - pour financer la construction de l'hôpital européen Georges Pompidou, le groupe Allianz en est aujourd'hui le propriétaire.
L'hospice des Incurables fut fondé en 1634 par le grand aumonier de Louis XIII, le Cardinal de La Rochefoucauld, exauçant le voeu de l'abbé Joulet de Châtillon, aumonier d'Henri IV. L'hospice continue à accueillir les malades jusqu'en 1869, puis devient un hôpital indépendant et prend le nom de René Laënnec en 1878.
La réhabilitation a permis de remettre en valeur les volumes des grandes salles qui donnaient sur la chapelle et de reconstituer les jardins qui ponctuent les façades comme autant de cloîtres à ciel ouvert à partir de dessins anciens. C'est à présent un havre de paix en plein Paris.
A l'est de la vaste chapelle, qui a conservé sa belle chaire et son maître-autel comme ses peintures d'origine mais est devenue un espace d'exposition d'oeuvres contemporaines de la collection François Pinault, la maison de couture a choisi de projeter des images des collections du couturier (Cristobal Balenciage 1895 - 1972), totalement inédites.
Ici, tout est rigueur, silence, calme et volupté ... avec un petit clin d'oeil toutefois : le groupe Kering (ex Pinault-Printemps-Redoute), c'est la famille de François Pinault. Le magnat breton du luxe ... a donc choisi de fixer son siège social tout à côté d'un des fleuron du Groupe LVMH et de son rival Bernard Arnault, à touche-touche du Bon marché ....
Et un petit élément de fierté toute personnelle : le mobilier de jardin du siège de Kering est équipé des mêmes fauteuils Fermob que ceux de ma terrasse ....