La mort de Staline, film d'Armando Iannucci
Tiré d’un roman graphique de Fabien Nury et Thierry Robin, ce film historique décrit la folle semaine qui suit la mort du sinistre dictateur soviétique en mars 1953. Un film à l’humour décapant, fondé sur de solides recherches. Car c’est une époque dont bien peu de gens se souviennent, celles d’une effroyable dictature où les sbires du politburo se méfiaient les uns des autres, vivaient dans l’angoisse de déplaire au tyran et un temps où l’on envoyait par trains entiers des masses d’innocents dans les goulags de la kolyma …
J’ai été élevée dans une famille où l’on n’ignorait rien de ces pratiques puisque mon père se rendait au moins quatre fois par an en Union soviétique dans le cadre de son travail au ministère des Affaires étrangères. C’est même une de ses bons amis, journaliste permanent de l’Agence France Presse à Moscou qui a eu le scoop mondial de l’annonce de la mort de Staline …
Le talent du réalisateur est d’en avoir fait un film choral au casting impeccable, avec de grands acteurs parfaitement grimés mais pleinement drôles. Steve Buscemi (l’un des deux sombres tueurs de Fargo) en Nikita Krouchtschev, Simon Russel Beale (Lavrenti Beria), Jeffrey Tambor (Malenkov), Michael Palin (ex Monty Pyton, ici en Molotov) et Jason Isaacs dans le rôle du maréchal Joukov (on se souvient de lui dans la série des Harry Potter où il jouait le père de Drago Malefoy).
Ce film fait rire, certes, mais c’est d’un rire terrifiant car en réalité, il montre comment une clique de dirigeants se déchire pour assurer la succession d’un dictateur, au moins chacun pour sauver sa peau. Un processus pas réservé à l’histoire récente de l’Union soviétique …