Hubert de Givenchy, l'élégance absolue (1927 - 2018)
Le grand couturier que j’ai admiré le plus dans ma vie vient de nous quitter dans la plus grande discrétion, sa marque de fabrique.
Hubert Taffin de Givenchy représentait pour moi la quintessence de l’élégance, de la retenue et de l’audace créatrice. D'autant plus qu'une foule de souvenirs très personnels me lient à lui …
En effet, la cousine très proche de ma mère, Line Pellegrino, était « Première main qualifiée » chez lui et vivait avec sa douce amie Monique Mongin qui, elle, était « Seconde » de l’atelier « Tailleur ». Nous vivions donc au cœur des secrets de cette maison de couture créée en 1952, devenue bientôt célèbre dans le monde entier.
On me racontait les anecdotes des grandes clientes : Jacqueline Kennedy (ma cousine avait travaillé sur le tailleur rose de l’attentat tragique de Dallas), Farah Diba, Grâce de Monaco, la Duchesse de Windsor, Marlène Dietrich, Greta Garbo, Lauren Bacall, Jeanne Moreau, Ingrid Bergman …
Et bien entendu, on se souvient de l’amitié indéfectible qui lia dès 1953 et jusqu’à sa mort le noble couturier avec la délicieuse Audrey Hepburn, pour laquelle il créa les tenues de ses films les plus célèbres : Sabrina, Drôle de frimousse, Diamants sur canapés, Charade, Comment voler un million de dollars et quelques autres …
Pour moi, petite jeune fille alors, a commencé cette découverte de la grande rigueur dans le style, la précision de la structure et le choix des matières, une retenue dans l’audace, la recherche de la perfection dans la qualité de la façon.
La construction des vêtements, particulièrement les manteaux et les tailleurs, m’a toujours profondément étonnée et fascinée. Givenchy n'était pas seulement le créateur de la petite robe noire d'Audrey ...
Comme il était d’usage de distribuer aux ouvrières les chutes de tissus (la « gratte ») tombées après la coupe d'un modèle à succès, j’ai bénéficié très jeune de modèles cousus par ces professionnelles dans des matières extraordinaires, les lainages des meilleurs tisseurs de France. Je me souviens en particulier d’un manteau en forme de ballon, à manches trois-quarts, en lainage poilu et de couleur rose fuschia. Détonnant !
Et à l’occasion de mon mariage en octobre 1967, j’ai pu assister au défilé de la collection de haute couture (ma seule et unique occasion d'un tel spectacle !) et ma cousine, qui fut aussi mon témoin, m’a offert le tailleur blanc de la cérémonie civile – je l’ai toujours ! – et le manteau de soie somptueux de la cérémonie religieuse – que j’ai naturellement pieusement conservé !
Hubert de Givenchy était venu à Paris à l’âge de 17 ans. Formé à l’école des Beaux-Arts puis chez Jacques Fath, premier assistant chez Elsa Schiaparelli, il avait été fortement influencé par Cristobal Balenciaga. Ce fut incontestablement le couturier français le plus célèbre des années 60, l’incarnation du grand goût à la française.
C’est donc tout un pan de ma jeunesse qui disparaît avec lui …