The Pentagon Papers, film de Steven Spielberg
Encore un « newspapers movie » me direz-vous ?
Un genre spécifique dans la culture américaine, car nous nous souvenons de « Les hommes du Président » d’Alan Pakula en 1976, ou encore « Des hommes d’influence » de Barry Levinson en 1987 … Le cliquetis des linotypes, les rotatives qui tournent irrémédiablement, les paquets de journaux balancés au petit matin à même la rue luisante de pluie depuis le cul des camions … la religion du Premier amendement à la Constitution des Etats-Unis qui défend les libertés d’expression et de la Presse.
Tout est là dans le dernier film de Steven Spielberg. Mais pas que …
De mon point de vue, c’est le plus important film féministe que j’aie jamais vu. C’est l’histoire d’une décision particulièrement difficile à prendre, un conflit d’intérêt ou un dilemme crucial qui sera tranché par une femme. L’histoire de Kay Graham, la veuve du directeur du « Washington Post », l’homme choisi par son père, Eugène Meyer, le banquier qui a racheté ce journal régional en faillite quelques années plus tôt. Car rien ne préparait Kate à prendre la tête du journal. Elle était surtout douée pour organiser des réceptions mondaines pour ses amis démocrates. Mais en cette année 1971, le journal a besoin de financement pour son développement et prépare son entrée en Bourse.
Un événement imprévu va bousculer le calendrier bien huilé de cette introduction : la révélation par le New York Times d’une étude de 4000 pages produite par le Département de la Défense nationale sur la politique des Présidents successifs en Indochine puis au Vietnam entre 1945 et 1967. Le Président Nixon veut s’opposer à la parution de ces dossiers explosifs, mais Ben Bradlee, le rédacteur en chef du Post s’est lui aussi procuré ces dossiers et estime devoir les publier, malgré les menaces de rétorsion judiciaire.
C’est Kate Graham qui doit prendre une décision ausi capitale pour l’honneur de la profession que pour le sort de l’entreprise et de ses salariés. Déjouant tous les pronostics et les atermoiements des financiers, elle va montrer à tous courage et fortitude.
C’est un film nerveux, classique, rythmé, servi magistralement par Meryl Streep et Tom Hanks, l’acteur fétiche du réalisateur. Un grand film à la gloire de la Presse si décriée par l’actuel président des Etats-Unis.