François 1er et l'art des Pays-Bas au Louvre
Surprenante autant que foisonnante exposition de ces maîtres flamands encouragés par François 1er auquel on associe plus facilement, dans notre imaginaire de cette période d’explosion culturelle, son appétence pour les peintres de la Renaissance italienne largement mis à contribution à Fontainebleau …
C’est méconnaître son mécénat en faveur des portraitistes et peintres verriers venus du Nord, de toute cette région qui jouxte le royaume de France : ici découvre-t-on avec intérêt les écoles et influences anversoise, bruxelloise, picarde, champenoise, leydoise, bourguignonne, haarlemoise …
Leurs noms de ces artistes ne nous disent pas grand-chose, mais leurs œuvres nous charment : Godefroy le Batave, Noël Bellemare, Grégoire Guerard, Bartholomeus Pons, Joos Van Cleve …
Peinture religieuse, portraits, vitraux, rétables, grisailles … ce qui frappe tout de suite, c’est la couleur, la finesse du dessin, la richesse des détails qui rappellent l’art de l’enluminure.
Justement, ma première surprise vient de ce portrait équestre de François 1er. Je m’attendais à un grand format, mais c’est un tout petit portrait, rendant d’autant plus étonnants les détails de la cuirasse, du harnachement ...
Plus loin, on apprécie la quasi-totalité des portraits rassemblés ici de Jean Clouet – de son vrai nom «Clowet » - originaire de Valenciennes donc dans l’empire des Habsbourg et qui n’eut jamais la nationalité française, peintre officiel du roi chevalier. Magnifique confrontation entre l’image du roi en Saint Jean-Baptiste et le roi impressionnant en habit de cour, avec cette soie qui émerge des crevés du pourpoint, les ferrets qui retiennent le velours, le regard bleu ravageur …
Plus loin, une série merveilleuse de petits portraits de personnages féminins et masculins par Corneille de Lyon, tellement vivants.
Ne pas manquer le fantastique tableau du maître d'Amiens - un agrandissement permettant d'en apprécier les détails dans une petite salle juste avant la sortie - intitulé "Du juste pois, véritable balance" exécuté pour Notre-Dame du Puy d'Amiens et, dans un autre registre plus profane, le portrait de femme en Joconde nue, très inspiré de Léonard de Vinci et qui fait penser au portrait de La Dame au bain de François Clouet - le fils de Jean - qui lui est postérieur.
L’exposition est vraiment étonnante par son ampleur et l’originalité des tableaux présentés. Elle permet de mettre en perspective l’évolution de la peinture flamande, qui passe insensiblement du style hiératique du moyen-âge au maniérisme, faisant un pont avec la Renaissance italienne qui explose à la même époque au sud de l’Europe avec Raphaël, Michel-Ange, Léonard de Vinci.
Quelle époque épique où déjà la mondialisation brassait les courants intellectuels et plastiques malgré les distances !
François 1er et l’art des Pays-Bas au Louvre - Hall Napoléon - jusqu’au 15 janvier. Tous les jours sauf le mardi.