RUBENS, portraits princiers au musée du Luxembourg
Dans le cadre du palais voulu par la reine Marie de Médicis, la découverte d’un genre très codifié où – comme dans tous les autres domaines de la peinture – excella Pierre-Paul Rubens (1577 – 1640) : le portrait de Cour.
Loin des débauches de chairs nacrées de la série consacrée à l’exaltation de l’image de la reine mère déjà en bisbille avec son fils aîné, à voir au musée du Louvre, voici un festival d’images de personnalités politiques respectant les canons du genre. Car le talent de Rubens lui ouvre toutes les cours d’Europe, d’ailleurs étroitement apparentées : les Gonzague à Mantoue, les Habsbourg à Bruxelles et à Madrid, les Bourbon à Paris et les Stuarts à Londres.
Richesse des étoffes, symboles du pouvoir, miroitement des pierres précieuses délicatement cousues sur les habits de cour, raideur des dentelles des fraises et des revers de manches, ciselures niellées des armures, le portrait princier est un outil de propagande – souci permanent des dirigeants de légitimation politique à relier à l’exposition actuelle du Louvre. Il magnifie les costumes, les attributs, les allégories. En particulier le portrait équestre …
Il permet aussi de montrer l’apparence d’un prétendant ou d’une princesse à marier, de conserver l’image d’être chers qui sont partis au loin ou ne sont plus. Rubens a ainsi peint des portraits posthumes (l’empereur Charles Quint ou Isabelle d’Este, marquise de Mantoue, d’après Titien …).
Inspiré par Titien et Michel-Ange, Rubens influencera Van Dyck, Velazquez et Delacroix. C’est loin d’être un peintre maudit, il gère une véritable entreprise au point qu’il est parfois difficile de discerner ce qui est de sa main ou de celle des membres de son atelier.
On s’attardera volontiers sur les portraits effectués à Paris à la demande de Marie de Médicis. En particulier ceux de Louis XIII (alors âgé de 21 ans) et de son épouse Anne d’Autriche dont on remarque la ressemblance avec son frère le roi d’Espagne Philippe IV …
Etrange aussi la similitude de vêtement et de bijoux entre Marie de Médicis (peinte par Frans Pourbus en 1611) et le pendant du portrait de Louis XIII (exécuté en 1622) : Anne d’Autriche par Rubens, la belle-mère et la bru portant la même tenue !
Des couleurs, des expressions, des attitudes, absolument sublimes : Rubens est le maître de son époque, le prince des peintres et le peintre des princes. A l’occasion, il remplit aussi des missions de diplomate, pour la première fois à la demande de la régente des Pays-Bas Isabelle Claire d’Autriche, qu’il continuera à peindre même lorsqu’elle aura pris le voile comme clarisse. Il sera anobli par Philippe IV.
Sa peinture de l’épanouissement des sens sera celle de la maturité, après son remariage avec la rayonnante Hélène Fourment, nettement plus jeune que lui et dont il est follement amoureux.
En quittant l’exposition, on admirera l’autoportrait sublime de l’artiste. Rubens : la puissance et la grâce …
Rubens, portraits princiers, exposition au Musée du Luxembourg jusqu’au 14 janvier – tous les jours à partir de 10h 30