Le sens de la fête, fim d'Olivier Nakache et Eric Toledano
Une soirée de mariage qui dérape : un classique au cinéma. Mais ici, Olivier Nakache et Eric Toledano nous livrent un chef-d’œuvre du genre. Car cette fois, on nous fait passer derrière le décor, du côté des petites mains qui assurent la réussite de cet événement mémorable. Et mémorable, cette soirée, nul doute qu'elle le restera !
Voici une intrigue respectueuse de l’immuable règle des trois unités de la tragédie classique : unité de lieu dans ce château du XVIIème siècle avec son parc à la française, unité d’action avec une seule intrigue principale, unité de temps puisque tout se joue entre le début d’après-midi jusqu’à l’aube du deuxième jour.
C’est un film de troupe, pléthorique mais sacrément bien distribuée où chacun a son moment de grâce, des dialogues ciselés, des chapelets de gags tellement vraisemblables, tellement fluides. La succession de catastrophes qui s’abattent sur Max, organisateur de réceptions pourtant chevronné, n’a d’équivalent que la capacité de réaction de chacun des membres de sa brigade.
« On s’adapte » proclame à plusieurs reprises l’adjointe de Max, la belle et rugueuse Eye Aidara … qui trouvera à qui parler avec DJ grande gueule Gilles Lellouche, le photographe dilettante Jean-Paul Rouve, le professeur dépressif et beau-frère de Max, Vincent Macaigne, l’extra ahuri Alban Ivanov, l’évanescente Hélène Vincent en mère du marié, joué avec morgue par Benjamin Lavernhe, pensionnaire de la Comédie française.
Ils sont tous remarquables, et le meilleur de tous est Jean-Pierre Bacri, certes dans son registre habituel de misanthrope grognon, mais plein de sensibilité.
Comme un opéra de Mozart, ce film ne peut se percevoir en une seule fois : il faut le détailler …
La salle n’arrête pas de rire, et on y retrouve, gentiment glissés, des thèmes contemporains : la responsabilité du patron de PME, la difficulté du dialogue avec les collaborateurs, les rites de la bourgeoisie traditionnelle (le loooong discours du marié, le travestissement des serveurs en costumes de valets "à la française"), l’inventivité des travailleurs pakistanais, la solidarité des pairs (je ne pourrai plus jamais manger de feuilleté aux anchois).
Bref, c’est un moment de rire bon enfant, trop bref, car il fait un bien fou en cette période compliquée.