Caro/Jeunet à la Halle Saint Pierre
Ils sont presque nos contemporains : Jean-Pierre Jeunet est né en 1953 et Marc Caro en 1956, et ont réalisé ensemble des films aussi jouissifs qu'étranges. Caro vient du graphisme et de l’univers du 9ème art, Jeunet est l’un de nos cinéastes les plus primés, qui a tourné aussi des super-productions américaines.
L’exposition qui leur est consacrée nous fait pénétrer dans leur univers inquiétant, onirique, poétique, compliqué, sombre, décalé, drôle, fantastique et technologique, au milieu d’objets de récupération et d’accessoires improbables.
En compagnie aussi de leurs acteurs fétiches : Jean-Claude Dreyfus, Dominique Pinon, Daniel Emilfork … et la délicieuse Audrey Tautou.
Car tout le monde a en tête l'héroïne montmartroise du Fabuleux destin d’Amélie Poulain, retrouvée dans la quête obstinée de la jeune amante du Long dimanche de fiançailles.
Pour ma part, j’ai surtout en mémoire le côté totalement décalé de « Délicatessen » de 1991 ou de « La cité des enfants perdus » de 1995.
Nous retrouvons donc avec tendresse les costumes surannés, les objets fétiches extravagants et les maquettes des décors surchargés : le nain de jardin voyageur, la machine faisant fonctionner un cerveau, les références explicites à Méliès et à l’art forain.
On s’y confronte aussi à des films que l’on n’a pas vus (Micmacs à tire-larigot avec Dany Boon ou L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T. S. Pivet) et qui n’ont pas rencontré lors de leur sortie le succès escompté, ou l’opus « Alien, la résurrection » tourné par Jeunet à Hollywood (ce genre de film n’est pas ma tasse de thé).
Une anecdote : le travail préparatoire sur le scénario de l’Odyssée de Pi, projet jugé trop coûteux du fait de la complexité des effets spéciaux pour faire « jouer » le tigre, dont la réalisation a finalement été confiée à Ang Lee – pour un budget final deux fois plus élevé.
Un seul espoir : que cette rétrospective, venue un peu tôt dans la carrière des deux auteurs, ne signifie pas leur prochaine cessation d’activité mais préfigure au contraire une prochaine création bicéphale.
Caro/Jeunet, exposition à la Halle Saint Pierre – 2 rue Ronsard, 7501 Paris, jusqu’au 31 juillet – 9 €