Meurtre en Périgord, polar de Martin Walker
Sur la suggestion d’un de mes lecteurs assidus, j’ai acheté ce premier épisode d’une série policière comme je les aime, c’est à dire avec un personnage récurrent, en l’espèce le policier municipal Bruno Courrèges, qui officie dans une petite ville de 3000 habitants située au confluent de la Dordogne et de la Vézère et que l’auteur a baptisée Saint-Denis.
La particularité de ces romans, c’est que l’auteur en est Britannique : né en 1947, Martin Walker a longtemps travaillé pour le Guardian (journal libéral, de centre-gauche) mais il a eu la bonne idée d’acheter une maison dans le Périgord – plus précisément au Bugue – et s’est inspiré d’une figure de héros local, Pierrot, aujourd’hui décédé.
Cette intrigue complexe qui se déroule entre Lalinde, Périgueux, Lascaux, cite le Vieux Logis (à Trémolat, comme chacun sait …) pousse jusqu’à Bordeaux. Elle nous agace les papilles par la description de repas succulents, et n'oublie pas non plus sa facette "cul", elle charmera donc tous ceux qui adorent cette région exceptionnelle.
J’ai pour ma part moins apprécié l’approche historique de l’auteur sur les séquelles de la guerre d’Algérie, les exactions des milices de Vichy pendant la guerre de 40, les affrontements entre les tenants du Front National – ici affublé du nom transparent de « Action Nationale » – la description d’attaques en règle sur la place du village entre skin heads et villageois. Pas plus que l’aversion lourdement soulignée pour les contrôles sanitaires européens, particulièrement tatillons … On voit poindre ici, dès 2008 à la date de parution du livre en version originale, les prémices du Brexit !
L’intrigue met en scène (de crime, of course !), dans sa maisonnette isolée de tous, le cadavre torturé d’un viel habitant de la commune, un Arabe discret, ancien héros de l’armée française décoré pour sa bravoure en Indochine, que ses assassins ont tatoué au couteau d’une croix gammée. Un meurtre dans cette paisible commune ? Avec des possibles répercussions politiques ? Toute la Gendarmerie et la Justice débarquent de Paris et les médias s’en mêlent. Vraiment, l’auteur en met des couches sur les travers de son pays d’adoption, avec des digressions sur les adhérences entre justice et politique ….
Sans doute, ces considérations sont-elles utiles aux Britanniques pour mieux appréhender la complexité de notre beau pays mais, pour ma part, je trouve la caricature fort simplificatrice. Verdict : je ne poursuivrai pas la série des enquêtes de Bruno Courrèges … même s’il m’apparaît très sympathique.
Meurtre en Périgord, polar de Martin Walker traduit de l’anglais par Serge Cuilleron, Editions du Masque, 374 p., 16€