Souvenir de mes années d'adolescence au lycée Paul Valéry
Je suis une enfant du babyboom et des diaboliques "groupes de niveaux". Il y a 5 ans, j'avais participé à une journée d'information dédiée aux anciens élèves.
Quand j’ai atteint l’âge d’entrer en 6ème en 1957, aucune infrastructure d’enseignement secondaire n’était prête à recevoir cet afflux de nouveaux enfants nés après le retour des prisonniers … On a donc installé des classes provisoires, là où il y avait de la place, c’est-à-dire pour Paris, sur les terrains des anciennes fortifications de Thiers.
Ensuite, on a bâti les lycées – à l’époque, on n’avait pas encore séparé le collège du lycée (aujourd’hui l’un financé par la Ville, l’autre par la Région) en « dur », enfin, en poutrelles d’acier et en béton avec des façades en mosaïque de pâte de verre (auto-lavante) … Il fallait construire vite et pas cher.
Bref, ce lycée gigantesque sortit de terre en 1960 dans une forme d’une simplicité désarmante : une barre de 200 mètres de long parallèle au boulevard Soult …
Pratique, le lycée était situé au n°32, et j'habitais au n°68. C’était tout neuf, bruyant, dans le style modulaire des constructions de l’époque (Architectes : J-C Dondel et R. Dhuit). Cet établissement scolaire reçut successivement plusieurs noms : Annexe du Lycée Jean-Baptiste Say, Lycée Mixte du Boulevard Soult puis, sur la proposition de mon vénéré professeur de lettres (français-latin-grec) Pierre Fortassier, le lycée Paul Valéry.
J’y ai effectué avec bonheur toute ma scolarité de septembre 1957 à juin 1964. Ce ne fut jamais un lycée d’excellence, ses performances à la sortie des classes préparatoires sont un peu faiblardes, mais c’était un lycée sympathique, où les professeurs s’occupaient bien de nous.
Sauf que, plus de soixante ans après, la construction s’est dégradée et ne correspondait plus aux nécessités pédagogiques du moment. Il avait donc été décidé de le démolir et de reconstruire sur place une cité scolaire nouvelle, qui sépare plus radicalement la partie collège de la partie lycée (en l’attente d’une énième réforme de l’enseignement ??).
Sauf que le projet a capoté : mésentente entre les patronnes respectives de la Ville (Anne Hidalgo) et de la Région (Valérie Pécresse). Je ne suis pas revenue sur les lieux depuis ...
Mais je me souviens surtout que j'avais été choisie pour constituer, depuis la classe de quatrième, une classe regroupant les élèves de 5ème les plus ....disons "remuants". Et que nous avons ainsi reçu un enseignement particulièrement soigné.
Je vois encore mes parents, impressionnés par leur seul certificat d'études, convoqués dans le bureau du censeur, Monsieur Guillotin (!) pour les convaincre de choisir pour leur fille le grec ancien à la place de l'Anglais - mon père avait insisté pour que j'apprenne l'Allemand en LV1 - et de m'affecter en section A' ...
Cette classe "de niveau", conservée pratiquement en l'état jusqu'en Terminale, ne m'a jamais permis d'obtenir un seul premier prix car il y avait trop d'élèves bien meilleurs devant moi, mais j'ai gardé un excellent souvenir de cet établissement qui m'a permis de réussir du premier coup, et sans préparation quelconque, le concours d'entrée à SciencesPo.